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La Justice

1. La Justice

2. Le Droit

 

Les 3 notions DEVOIR, DROIT et JUSTICE sont liées.

1. La Justice

La justice est inséparable de la morale et du droit.

Elle est unanimement considérée comme un bien, une valeur à atteindre, et celui qui la pratique est dit juste ou vertueux.
Attention : La justice est une notion polysémique (=qui a plusieurs sens.)

L'INJUSTICE

Ce qui est naturel, c'est l'injustice. Les besoins biologiques de conservation du moi, nécessairement et spontanément égoïstes, dressent les hommes  les unscontre les autres. Les hommes sont dans des relations de concurrence et de violence incessantes. Les lois de la nature sont cruelles aux yeux de l'homme.

"Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funer ("Afin de se tuer réciproquement") : dés que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. (…) Il n'y a pas un instant de la durée où un être vivant ne soit dévoré par un autre. Au-dessus de ces nombreuses races d'animaux est placé l'homme, dont la main destructrice n'épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer : roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rein ne lui résiste." J. De Maistre, Les soirées de Saint Petersbourg.

L'injustice est tellement naturelle, que paradoxalement elle peut être confondue avec la justice.

Les fausses conceptions de la justice

1. Thèse de Calliclès : Ce qui est juste, c'est le droit du plus fort.

Platon met en scène, Calliclès, un adversaire farouche de ses théories, qui défend la thèse selon laquelle la justice serait "le droit du plus fort", ce qui reviendrait à reconnaître purement et simplement la loi de la nature, la loi de la jungle. Selon Calliclès :

" Les lois sont établies par les faibles et par ceux qui forment la multitude. (…) Mais à mon avis s'il naît un homme de nature assez puissante, il secouera, il brisera, il rejettera toutes ces chaînes, il foulera aux pieds nos règles écrites, nos sortilèges, nos incantations et toutes ces lois qui sont contraires à la nature; après s'être ainsi dressé et révolté, il se montrera notre maître, lui qui était notre esclave, et c'est alors que l'on verra briller dans tout son éclat la justice telle qu'elle est dans la nature." Platon, Gorgias.

Ce que propose Calliclès, c'est de calquer le comportement humain sur celui de l'animal. Il fait l'éloge de la volonté de puissance et de la tyrannie.

2. Hypothèse de Glaucon : Nous sommes tous injustes, c'est par peur que nous "sommes" justes.

Cf. l'histoire de "l'anneau de GYGES" racontée par Glaucon dans LA REPUBLIQUE de Platon, Livre II :
 Gygès, un jeune berger trouve, dans des circonstances exceptionnelles, une bague en or. Il se rend à une assemblée de bergers. Par hasard, il retourne le chaton de la bague vers l'intérieur de sa main, et découvre qu'il est devenu invisible. Il en profite immédiatement pour s'introduire au palais, séduire la reine, comploter avec elle la mort du roi, tuer le roi, et prendre le pouvoir. Selon Glaucon, ce berger est le modèle de ce que nous serions tous au fond de nous-mêmes. Aucun de nous..
"…ne serait de nature assez adamantine (Qui a la dureté et l'éclat du diamant) pour persévérer dans la justice et pour avoir le courage de ne pas toucher au bien d'autrui, alors qu'il pourrait prendre sans crainte ce qu'il voudrait sur l'agora (La place publique), s'introduire dans les maisons pour s'unir à qui lui plairait, tuer les uns, briser les fers des autres et faire tout à son gré, devenu l'égal d'un dieu parmi les hommes. (…) Personne n'est juste volontairement."

En définitive, la thèse de Glaucon affirme que, si ne nous ne sommes pas injustes, c'est parce que nous avons peur du "gendarme", mais au fond de nous, nous sommes tous foncièrement injustes.

3. Théorie de Hobbes : Il est juste d'obéir au plus fort.

C'est justement de ce constat que part Hobbes pour fonder sa théorie de la justice. Selon lui les hommes sont égaux dans leurs besoins et leurs désirs au sens où ils désirent tous la même chose. Or ils ne peuvent pas tous avoir la même chose, donc ils deviennent nécessairement ennemis, "agresseurs" les uns pour les autres. "L'homme est un loup pour l'homme". Tous les hommes sont donc tous menacés des mêmes dangers venant de leurs semblables. Le moyen le plus raisonnable et le plus juste de se protéger les uns des autres, consiste à abdiquer son pouvoir personnel et à s'en remettre au plus fort pour assurer sa sécurité, "une puissance commune qui les maintienne tous en crainte." C'est le seul moyen de garantir la paix.  Hobbes, Léviathan.  
 
Critique de l'idée d'une justice naturelle :

Or justement l'homme conteste l'ordre établi par la nature, au nom d'une valeur qui la dépasse, qui  n'est pas contenue dans la nature, mais inventée par l'homme. Cette valeur, on la trouve déjà chez l'enfant, dans son refus d'être lésé : colère, revendication, conscience d'un droit, REVOLTE contre l'injustice.

Mais la justice peut-elle être la justification de la force? Ou encore la force peut-elle être   juste? Il faudrait que la justice soit forte, mais cela n'implique nullement que la force soit juste! La force est une notion quantitative, elle ne relève pas du domaine de la qualité.

Pascal se fait l'avocat de cette critique :

"Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute (A la discussion), la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste." Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fit que ce qui est fort fût juste." Pascal, Pensées, V, 298.

"Ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien." Pascal, Pensées, V, 299.

L'étymologie du terme JUSTICE

Cette étymologie est elle-même discutée.

1.  Jus, chef de famille, et n'ayant lui-même aucun ancêtre, se retrouve sous les mots jaus ou jous (Italie, Perse, Inde) exprimerait une idée correspondant à ce que l'esprit humain peut concevoir de plus élevé, volonté ou puissance divine. M.Bréal.

2.  Jus, viendrait de la racine sanscrite : Ju d'où dérivent une foule de mots qui signifient lier, lien, d'où l'idée de contrat. Ihering et Wenger.

3.  Jus en latin signifie DROIT.

4. Justice : "ce qui s'égale, s'ajuste" étymologie proposée par Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique II.

Ces différentes étymologies ne nous renvoient pas à une idée précise de la justice.

 "La justice n'existe pas en elle-même, affirme Epicure, elle est un contrat conclu entre les sociétés, dans n'importe quel lieu et à n'importe quelle époque, pour ne pas causer et pour ne pas subir de dommages." Doctrines et maximes.
 
Les différents sens de la notion de justice

1 – Sens politique : c'est la justice LEGALE, la justice est le respect des lois qui s'expriment dans le droit. La "justice" est une institution chargée de faire respecter les lois. D'où les tribunaux, juges, magistrats, sanctions, rétribution des actes. Cette justice peut d'ailleurs être "injuste". Cf. le statut juridique de l'esclave dans l'Antiquité. Cette conception est la plus courante à travers l'histoire.

2 – Sens économique ou mathématique : c'est la justice commutative, symbole de la balance, fondée sur l'égalité. Elle respecte le principe d'équivalence des choses échangées. Les contrats d'échanges impliquent une même valeur marchande. L'égalité est mathématique.

3 – Sens pédagogique : principe de répartition (des biens, des charges, des sanctions positives ou négatives) proportionnelle aux mérites de chacun, et à ses capacités. Par exemple le classement aux concours, notes  etc. Cette justice est dite "distributive", ou "directive", ou "corrective" ou "statu­taire" Ce sont les différents noms qu'on lui donne.

4 – Sens moral =  valeur = vertu = obligation de respecter la dignité humaine dans la personne d'autrui, et le droit d'exiger des autres le respect de sa propre personne. Idée d'égalité de valeur entre tous les hommes et de droits universels. cf. Kant = justice idéale.

5 – sens divin : Elle consiste dans le respect que les croyants ont des commandements divins dans les textes sacrés.
    
Problématique

Qui peut décider de ce qu'est la justice ? Tout le monde est-il apte à trouver la justice ou seulement quelques individus privilégiés comme le roi Salomon, justement célèbre par son exceptionnel sens de la justice ?  Où trouver le modèle de la justice si elle n'est pas naturelle ?

Dans la société ?  Est-elle conformité à la norme, à la coutume, ou à l'intérêt ? Si oui, à l'intérêt de qui ?

Dans notre rationalité ? Relève-t-elle d'un modèle mathématique comme l'égalité ou la proportionnalité ?  

Dans notre conscience morale ? Celle que Kant nomme "la Raison Pratique" ?

Dans les lois divines comme le pensent les croyants ?

On peut s'interroger sur les valeurs ou les intérêts qui président à ce contrat fondé sur la justice qu'est le droit ? Qui crée ce contrat ? Un législateur unique ou un groupe ? Comment ceux qui "inventent" la notion de justice s'y prennent-ils ? Sur quoi prennent-ils modèle ? S'en réfèrent-ils à des textes qu'ils jugent sacrés, à leur propre idée de Dieu ? Ou bien à des coutumes tellement ancrées dans les mœurs qu'elles finissent par paraître normales voire "justes"? Prennent-ils comme modèle, les mathématiques, dans lesquelles un raisonnement juste est un raisonnement qui respecte la logique, ou encore le symbole de l'égalité mathématique ? La justice est-elle alors ce qui est conforme à la raison ?

La justice est divine

Pascal affirme que la justice parfaite est  la justice divine.

Modèle : le roi Salomon interprète de la justice divine ?

Mais si la "raison a été corrompue", comment saurait-elle retrouver cette justice ?

Celle qui s'énonce dans les textes est-elle la justice divine ou l'idée que les hommes s'en font? Les Hommes ne confondent-ils pas bien souvent leur intérêt avec la volonté de Dieu ? Cf. les arguments de Sépulvéda contre les Indiens dans La Controverse de Valladolid. Ici, la "volonté" de Dieu est confondue clairement avec les intérêts des Espagnols.

Conception platonicienne de la justice : la hiérarchie.

La justice peut être conçue comme le fait Platon :

a) Sur le plan politique : une harmonie de toutes les compétences.

La cité idéale est "juste". La fonction de chacun est proportionnelle à ses capacités. Les sages doivent assurer les fonctions de gouvernants. Les hommes courageux celles de guerriers, gardiens de la cité. Les hommes tempérants, celle du peuple artisan qui produit ce qui est utile à la cité. Si chacun reste à sa place et accomplit correctement les fonctions qui correspondent à ses compétences, alors la cité sera juste et harmonieuse. Telle est la thèse que développe Platon dans  La République. La justice pour Platon implique une hiérarchie donc une inégalité. (Voir cours sur l'Etat.)

b)  Sur le plan métaphysique : une rétribution proportionnelle des actes.

Dans le mythe d'Er, Platon expose une autre forme de justice : la rétribution des actes après la mort et avant le choix de la réincarnation. Chaque faute et chaque acte vertueux sont punis ou récompensés proportionnellement à leur gravité ou à leur valeur.

Problème : s'il existe différentes "races d'âmes", Ames d'or, d'argent et de fer, Platon ne le justifie pas. Et il ne dit pas non plus pour quelle raison nous sommes d'or, d'argent ou de fer? Y aurait-il là une immense injustice métaphysique?
   
Conception rousseauiste de la justice :  la Démocratie

J.J ROUSSEAU à l'opposé de Platon voit dans l'égalité démocratique le fondement de la justice. Cf. cours sur la Politique, § sur la démocratie. Seul le peuple a le droit de décider de son bien-être et de son intérêt général. Dans les assemblées du peuple doit s'exprimer la "volonté générale", cf. le Contrat Social, et c'est de cette VOLONTE que le législateur doit tenir compte quand il rédige les lois. Le modèle de la justice c'est le gouvernement démocratique.

La faille de cette théorie repose sur le fait que s'il est impossible d'obtenir l'unanimité Rousseau conseille de suivre la majorité. Or il peut arriver, il arrive même, que l'intérêt de la majorité aille contre celui de la minorité. Marx critique cette conception de la justice.

Conception marxiste de la justice : L'égalité.

Théorie de Marx : Justice c'est d'abord la suppression de l'injustice économique fondée sur l'exploitation de l'homme par l'homme et la misère qui est rendue possible par l'inégale répartition des richesses. La véritable justice selon Marx réside dans l'égalité des hommes grâce à l'abolition des classes, et dans la réalisation d'une société communiste, fondée sur la propriété collective des moyens de production. Cf. cours sur le Travail et sur la Politique. Le communisme subordonnait l'homme à la société et à son projet collectif en lui ôtant sa liberté.  Problème du stalinisme et des goulags.  Etait-ce juste ?

Théorie de Kant : le respect universel des consciences.

 La justice est fondée sur la RAISON PRATIQUE. Nécessité de traiter la personne humaine partout dans le monde comme une fin en soi. Notion essentielle de respect et d'universalisation de ce respect. Voir les trois "impératifs catégoriques".

 Les Droits de l'homme

Le cheminement de toutes ces réflexions (celles de Montesquieu sur la liberté, fondée sur la séparation des pouvoirs, celle de J.J. Rousseau, celle de Kant, l'influence des constitutions anglaises et américaines, ont conduit à la proclamation des Droits de l'homme et du citoyen en 1789.

La déclaration de 1789 insiste sur la liberté et l'égalité des hommes et sur leurs droits fondamentaux : propriété, sûreté et résistance à l'oppression, liberté de pensée. "Les hommes naissent libres et égaux en droit…" La liberté y est définie et limitée : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas  à autrui". "La loi est l'expression de la volonté générale".

La déclaration de 1948 : ajoute les idées de dignité (en tant qu'ils sont "doués de raison et de conscience") et de fraternité. Elle exige le droit à la vie pour chacun, le droit au repos et aux loisirs, le droit aux congés payés, le droit à une protection sociale, le droit à l'éducation gratuite, le droit à la vie privée, l'esclavage y est interdit…

En 1989 l'ONU a adopté une Déclaration des Droits de l'Enfant. Droit d'être protégé à tous points de vue, (être scolarisé et pour cela de ne pas  travailler, lutte contre la vente des enfants, la prostitution).

En 1996 Une charte du Droits des Animaux est revendiquée par des mouvements de protection des animaux, en Chine, en Inde, en Angleterre, en Nouvelle Zélande et au Canada. Tous ces mouvements demandent une extension des droits de l'homme aux chimpanzés et bononos et autres grands singes …, et disent "parler pour ceux qui ne parlent pas ". Cette charte n'est pas officialisée pour l'instant.

Il est difficile de savoir si les animaux peuvent avoir les mêmes droits que nous dans la mesure où l'on ne peut pas attendre d'eux qu'ils respectent les devoirs afférents à ces droits. En revanche peut-être ont-ils le droit d'être traités avec plus de considération dans la mesure où ils sont capables de souffrir. Nous avons sans doute le devoir d'assumer nos responsabilités envers eux c'est à dire de ne pas les maltraiter mais au contraire de les protéger.

Conclusion

Les exigences du droit et du devoir se dressent comme un barrage contre la barbarie mais hélas ne parviennent pas à l'éradiquer. Le combat pour le respect de l'homme et pour ses droits est à recommencer sans cesse partout et à tout moment. 

Le DROIT est inséparable de la MORALE et de la  JUSTICE

2. Le Droit

L'homme est un "animal politique" dit Aristote. Ce qui signifie qu'il ne peut pas vivre en dehors de la communauté humaine. Les hommes établissent entre eux des CONTRATS qui s'expriment à travers le DROIT.

LE DROIT est la CODIFICATION sociale de la JUSTICE

I – Définitions.

  1. Ensemble de règles qui autorisent certains comportements actes, qui ouvrent des voies, permission.

  2. Ce qui est conforme à la loi, et par suite l'ensemble de toutes les lois (lesquelles comportent évidemment des interdits.)

  3. Ce qui est conforme aux exigences morales universelles.

  4. Pouvoir d'exiger, de revendiquer en fonction de ce que la conscience humaine reconnaît

      comme moralement légitime (= "pouvoir Moral"). cf. Leibniz même  si ce droit‑là est  
      bafoué, il n'en reste pas  moins un droit , c'est à dire une valeur imprescriptible.

II -  Caractères traditionnellement reconnus au droit. , il y en a quatre.

1‑ inviolable. Il  peut être transgressé en fait, mais il  n'en reste pas moins une exigence.

2‑ universel. 1789

3‑ inaliénable    = personne n'a le droit de renoncer à son droit, et par exemple, de se vendre comme esclave ou de vendre l'un des siens pour payer ses dettes.

4‑ exigible    = possibilité de recourir à une force publique pour faire valoir son droit.

III - Les différents droits

    I.  Le droit naturel.   ATTENTION,  il ne s 'agit pas d'un droit qui serait inscrit dans la nature. Ce qui se passe dans la nature est toujours un état de FAIT, et non de DROIT. Il s'agit ici de la "nature" humaine, de l'essence humaine. Ce qui est conforme à L'IDEAL humain = à la raison. Le droit naturel est donc un droit rationnel, moral, humain, idéal. Ces expressions sont équivalentes. La raison est commune à tous les hommes en tant qu'elle gouverne leur con­duite. Le droit naturel est réversible, c'est à dire qu'il implique une réciprocité.

    2. Le droit positif c'est la législation effective l'ensemble des règles coutumes (d'abord orales, puis écrites) systématisées en CODE  cf. le code civil et le code pénal. Ce droit ne présente pas les ca­ractères du droit naturel, il varie en fonction du  temps et du lieu, et peut même être en contradiction avec le droit naturel par exemple le problème de l'esclavage.

IV - Fondement du droit

 A) le droit positif semble venir de la force. Selon Hegel si un peuple à un moment donné devient le plus fort, il incarne "L'Idée" donc il a tous les droits. Il les co­difie. Selon Marx les lois sont faites par la classe dominante pour protéger ses propres  intérêts contre ceux des faibles, les prolétaires.
             
En réalité, on ne peut pas justifier moralement la force. La force est une grandeur quantitative, elle n'est pas de l'ordre de la qualité, de la valeur. Rien n'est plus changeant que la force, elle est instable, éphémère, elle passe d'un sujet à un autre, d'un clan à l'autre. "Droit périt si force cesse" cf. Pascal. On ne peut pas considérer comme  juste un droit fondé sur la force. Mais le droit ne peut pas exister sans une force qui le fasse respecter.

B) Le droit et le besoin. Théorie de Hobbes :  L'homme a droit à tout ce dont il a besoin. Comme les hommes ont tous les mêmes besoins, ils deviennent des "loups" les uns pour les autres. La raison les amène nécessairement à abdiquer leurs droits naturels entre les mains d'un souverain capable d'imposer la paix par la contrainte, et c'est lui qui fixe arbitrairement le "juste" et "l'injuste". Finalement cela revient à confondre le droit avec la raison d'état, et à nier sa spécificité. Cf. § sur la JUSTICE.

 C) La véritable source du droit selon Kant, se fonde sur le caractère sacré et absolu de la personne  humaine. La Raison est une puissance normative qui doit fixer les valeurs et les règles du vrai droit. Rousseau fonde sur la "volonté générale" la constitution d'un "CONTRAT SOCIAL" juste.

Conclusion : DROIT et  DEVOIR,  sont deux aspects complémentaires et indissociables. Si je m'attribue un droit, je me reconnais ipso facto l'obligation de le respecter chez autrui. La réciprocité est nécessaire. En1948 sont reconnus comme droits universels : le droit à l'éducation, à la liberté d'opinion, au travail, au repos et aux loisirs, au niveau de vie suffisant, à la sécurité  sociale  (droits encore bien théoriques et abstraits !)

Devoir pour chaque homme de défendre son droit, de lutter sans cesse contre l'empiétement de ce droit par la force,  par l'égoïsme et la barbarie.

1789 : Droits de l'homme.

1948 : Droits des femmes

1989 : Droits de l'enfant
1978 : Droits des Animaux.

(Attention ne pas confondre "liberté naturelle" chez Rousseau = celle des besoins naturels avec le droit naturel qui a rapport au contraire avec la  conscience morale.)

Conclusion : Le désir peut exprimer aussi bien l'amour de la vie que la haine de la vie.

D. Desbornes. 2009