Découverte de la philosophie
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La Philosophie

Introduction

1. Du MYTHOS au LOGOS (= du mythe au discours)

2. Origine de la philosophie

3. La philosophie comme sagesse : Socrate

4. La métaphysique de Platon

5. Fabrication d'un système philosophique

6. Le criticisme kantien (= critique de la métaphysique)

7. Le rejet de la métaphysique

8. Histoire de la philosophie

9. Evolution de la philosophie

10. Les "grilles" d'interprétation

Conclusion

Introduction

Lorsque nous sommes en face de l'univers, et que nous essayons d'en prendre conscience, et de le comprendre, nous nous heurtons à un silence et nous sommes étonnés. "La philosophie naît de cet étonnement" Aristote. L'univers en effet  se "tait", et nous avons  envie de le faire "parler".  Son sens n'apparaît pas. Le monde nous semble étranger, énigmatique, parfois même hostile. La contemplation du ciel étoilé, dont nous savons maintenant qu'il s'étend presque à l'infini, nous émerveille et nous impressionne. Sa contemplation peut même nous plonger dans l'angoisse et nous obliger à nous interroger.

Pascal écrit ; "Le silence des espaces infinis m'effraie !".

Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ? Essence, origine, finalité telles sont les interrogations fondamentales de l'homme sur lui-même.

"Pourquoi le monde existe-t-il plutôt que rien ?" Cf. Leibniz.

"Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Trois problèmes qui se résument dans celui-ci : Qu'est-ce que l'homme? " Cf. Kant.
 
D'où vient le mal? Comment l'extirper de nous-mêmes et du monde? Peut-on accéder au bonheur?

Telles sont les interrogations fondamentales et non résolues de l'humanité.

Nulle part il n'est écrit d'où nous venons, pourquoi nous sommes nés ici dans ce pays, à cette époque, pourquoi nous allons un jour nécessairement disparaître, où nous allons nous en aller, il n'est non plus nulle part inscrit ce que nous avons à faire, quel est notre but ou notre finalité. Le monde n'est-il qu'un amas d'atomes. Sommes-nous perdus, abandonnés dans une solitude  muette et absurde ? Ou bien y a-t-il "par derrière" une signification voilée, invisible, mais que notre esprit pourrait déchiffrer pourvu qu'elle s'en donne la peine ?

C'est de la curiosité de l'homme, de son désir de comprendre, de son besoin de sens, que naît la philosophie. Cela implique une rupture avec l'attitude naïve et passive qui "prend" la vie comme elle est. Pour l'esprit philosophique rien ne va de soi. Tout pose problème. Il n'est pas du tout naturel que "je" sois là dans ma singularité (unique au monde) alors que je pourrais ne pas exister (= contingence).

Définition

Le mot PHILOSOPHIE  vient du grec :

 Philo: signifie j'aime, je désire, Sophia signifie d'abord savoir  et ensuite sagesse.

* Le savoir c'est l'ensemble des informations que nous pouvons détenir sur le monde et sur nous.

* La sagesse est l'attitude qui découle de ce savoir. Une manière de se comporter dans la vie qui rend serein (= qui apporte l'équilibre et le bonheur).

a. La philosophie comme SAGESSE

Dans son acception ancienne, la notion de philosophie impliquait à la fois le désir de savoir et le désir de conformer sa conduite à ce savoir, donc elle était d'abord la quête de la sagesse. Socrate est le premier modèle du sage.

Celui qui aime ou désire la connaissance doit commencer par la chercher, et essayer de la trouver avec son esprit.

b. La philosophie comme systèmes d'idées.

La PHILOSOPHIE est d'abord une quête de sens

- Ceux qui s'interrogent sur le sens de l'existence, sont "philosophes" dans le sens où ils possèdent un esprit "philosophique", c'est-à-dire le sens des problèmes.

- Ceux qui s'étant interrogés, vont beaucoup plus loin, et essaient de répondre. Répondre, comment ? En fabriquant une "PHILOSOPHIE" soit, un ensemble d'hypothèses-réponses organisées en théories, c'est-à-dire en un système d'idées, définies le plus clairement possible (= des concepts), qui s'enchaînent avec logique et cohérence, et proposent une explication intelligible (= compréhensible par notre raison et notre intelligence) du monde et de notre présence dans le monde, en lui donnant  en général un sens, mais pas toujours. Il existe, en effet des philosophies de l'absurde (philosophie de Sartre par exemple), mais elles tentent de restaurer un sens pour l'homme au-delà de l'absurdité de la vie.
 
Les réponses de la philosophie sont très différentes de celles de la science. Elles ne peuvent pas être prouvées, ni "falsifiées" (falsifier = prouver la fausseté d'une théorie). Elles restent des systèmes d'hypothèses, aujourd'hui l'on dit "AXIOMES". (Un axiome est une proposition invérifiable, indémontrable, que l'on place au départ d'un raisonnement.) C'est pourquoi on peut appeler la philosophie : système "hypothético-déductif", c'est-à-dire déduit, construit, à partir d'hypothèses ou encore AXIOMATIQUE. (Voir les cours sur la LOGIQUE et sur les MATHEMATIQUES).

La PHILOSOPHIE est l'ensemble de toutes les réponses apportées par les philosophes à travers le temps sous la forme de systèmes.

Sagesse au départ, la philosophie devient pur système intellectuel d'idées ensuite, en Occident.

c. Les différentes parties de la philosophie

1. La METAPHYSIQUE est une partie de la philosophie. Ce terme vient d'Aristote. Après avoir écrit un livre sur la PHYSIQUE, il en a écrit un suivant, dans lequel il traitait des problèmes qui se situent au-delà de la physique, il a intitulé ce livre Méta-Physique. Et ce terme est resté dans l'histoire de la philosophie. La métaphysique est l'étude des principes premiers, au-delà de l'espace, du temps, du monde sensible, qui "expliquent" l'existence du monde, Dieu, l'esprit ou l'âme, etc.

2. L'ETHIQUE traite des problèmes de la morale, le BIEN, le MAL, le DEVOIR, la responsabilité de l'homme. Aujourd'hui, les progrès de la biologie (a procréation médicalement assistée (PMA), le clonage humain entre autres découvertes) mettent l'homme en face de graves difficultés morales : 

3.  La PSYCHOLOGIE, réflexion sur l'âme, puis sur le psychisme c'est à dire le monde intérieur.

4.  L'ANTHROPOLOGIE, étude de l'humanité en général.

5.  L'EPISTEMOLOGIE, réflexion sur la science et la démarche scientifique.

6.  L'ESTHETIQUE, réflexion sur l'art.

7.  La THEOLOGIE, réflexion sur Dieu.

1. Du MYTHOS au LOGOS (= du mythe au discours)

Les mythes sont des récits qui mettent en scène des symboles. Un symbole est une image, une forme, un objet qui a une ressemblance avec un autre être. Les mythes proposent des explications du monde et sont les réponses les plus anciennes.

Pour comprendre le sens d'un mythe, on utilise une technique qui s'appelle l'HERMENEUTIQUE et qui permet de déchiffrer les textes sacrés, le sens des rêves par exemple. L'idée de base pour l'herméneutique traditionnelle, c'est qu'il existe différentes strates de lectures, différents sens cachés, en général, trois niveaux d'interprétations :

1. le niveau profane qui correspond au sens immédiat, compréhensible par tous, et qui parle de la vie quotidienne.

2. Le niveau psychologique est censé nous enseigner comment nous fonctionnons, comment nous pouvons utiliser nos facultés, quelles sont nos ressources physiques, affectives, mentales. C'est ce niveau que Bruno Bettelheim analyse dans son excellent ouvrage Psychanalyse des contes de fées.

3. Le niveau métaphysique ou "sacré" nous informe sur des vérités essentielles, non immédiatement accessibles à l'être humain, et qui concernent la vie, la mort, le monde, le sens en général.

L'herméneute a deux modes de compréhension du texte.

* Le premier est dit "objectif", et dans  ce cas, les différents éléments du mythe sont considérés comme extérieurs les uns aux autres. Par exemple dans la Genèse, Dieu, Adam, Eve, le serpent seraient des êtres différents, séparés.

* Le deuxième mode de compréhension est dit "subjectif", et dans ce cas, les différents êtres ou symboles représentent des caractéristiques, qualités, défauts, tendances existant à l'intérieur d'un même être. Ainsi, Dieu, Adam, Eve, le serpent représenteraient chacun la conscience, les pôles masculin et féminin, la volonté de puissance de l'être humain.

Plusieurs mythes nous intéressent en philosophie, Mythes fondateurs judéo-chrétiens comme la Genèse. Mythes grecs : Prométhée, Dédale Icare et le labyrinthe, Chronos-Saturne, Œdipe etc., les mythes indo-européens : Le petit Poucet, la belle au bois dormant, le roi crapaud…

Notre civilisation est au carrefour de tous ces mythes, elle en est la synthèse, et la philosophie y trouve ses racines.

L'histoire du Poucet vient de l'Inde ancienne, on la retrouve jusque dans la Chine ancienne.

Le mythe propose une réponse codée au désir de savoir qui est l'homme, de quoi il est fait, ce qu'est le monde, quelle est la place de l'homme dans le monde, quelle est sa destinée.

Voir quelques essais d'interprétations de mythes et contes dans HERMENEUTIQUE.

Gramsci (philosophe contemporain) affirme que tous les hommes sont philosophes, et qu'ils traduisent spontanément leur conception du monde, non seulement dans les mythes, mais aussi dans les différents folklores, dans les rites, dans leur langage…

Aux images et aux symboles, les philosophes substituent les concepts = des idées abstraites, clairement définies. Même lorsque Socrate utilise des mythes, il les traduit en idées.

2. Origine de la philosophie

Les Présocratiques

Les Présocratiques sont des penseurs, leurs systèmes philosophiques sont incomplets, du moins ce qui nous en est parvenu, ils proposent quelques hypothèses au sujet du monde.

1. Ecole ionienne

(Ville Millet, d'où leur nom, les "Milésiens".) Ce sont des physiciens.

THALES (-640, -562)

Tout vient de l'eau. La terre est un disque plat, porté sur une eau primitive.

ANAXIMENE  (-585? –528?)

Le monde vient de l'infini, qui est de nature aérienne, indéterminé, illimité, chaotique. Un mouvement d'agitation sépare les choses.

ANAXIMANDRE (-610  -527)

Les êtres vivants naissent de l'évaporation de l'eau.

HERACLITE (-576?  -480?)

Le monde est éternel. La "guerre" (polémos) est père de toute chose = un conflit permanent est au cœur de tout ce qui existe. Il existe une sorte d'opposition éternelle entre les contraires.

La substance primordiale est le feu.

Le changement est incessant. Rien n'est fixe. Les choses s'écoulent perpétuellement. Idée d'impermanence. "Tu ne te baignes jamais deux fois dans le même fleuve." Tout coule, tout change…

Autonomie du monde. Pas de Dieu.

Le temps brasse éternellement les choses, sans intentions, sans "arrière-pensée". Le cours des événements est innocent.

"Le temps est un enfant qui joue au trictrac." (Le trictrac est un jeu de dés.)

ANAXAGORE  (-500  -428)

D'abord, il y a un CHAOS. Tous les éléments matériels sont mêlés ensemble sans aucun ordre. Mais une INTELLIGENCE supérieure existe à l'extérieur du mélange, le "Noùs".

C'est elle qui ordonne le monde, elle classe, sépare, regroupe, réunit, bref ORGANISE tous les éléments pour produire le monde tel qu'il est.

2.  Ecole PYTHAGORICIENNE

PYTHAGORE  (-570  -490)

"Le nombre gouverne le monde". Le nombre est un outil sacré pour comprendre l'univers, le cosmos. Symbolique des nombres. Mysticisme. Croyance en la métempsycose.

3.  Les Eléates              (Elée = colonie des Ioniens sur la côte lucanienne.)

XENOPHANE    (-580   - ?)

Monde éternel, mondes innombrables, idée d'un Dieu unique qui gouverne tout.

PARMENIDE  (-544  -450)

Le mouvement et le changement sont des apparences, des illusions. Derrière ce mouvement, en réalité, le monde est immobile, sans déterminations, toujours identique à lui-même. La réalité est une et infinie.

ZENON d'ELEE  (-490  -430)

Disciple de Parménide. Le mouvement est une illusion, voire il est impossible. Théoriquement, Achille, parti après la tortue, ne peut pas la rattraper. Il doit atteindre la moitié de la moitié de la distance qui l'en sépare, et ceci à l'infini ! Donc il ne la rattrapera jamais.

4.  Ecole ATOMISTIQUE

Leucippe (-450   ??)

DEMOCRITE (-460   -371)

Il existe une infinité d'atomes, corpuscules matériels, invisibles, indivisibles, ayant une infinité de formes. Ils "tombent" éternellement dans le vide originel. Mais de temps en temps, ils dévient de leur trajectoire sous l'effet d'une force : le "clinamen", qui leur impulse un mouvement tourbillonnaire. Du coup, ils rencontrent d'autres atomes. C'est de ces milliards de rencontres, au hasard, que se fabrique peu à peu l'univers et tout ce qu'il contient.
D'innombrables mondes existent.

5.  EMPEDOCLE d'AGRIGENTE   (Sicile, -483   -424)

Le monde est fait de quatre éléments éternels : Le feu, la terre, l'air et l'eau. Il existe deux sortes de mouvements qui les combinent, un mouvement d'attirance : l'amour, et un mouvement de dissociation : la haine. Le monde est soumis à l'alternance de ces deux mouvements. La phase actuelle de l'histoire du monde est dominée par la haine. Empédocle  croit en la transmigration des âmes. Il se jette dans l'Etna (volcan), au moment où il sent que sa vie touche à sa fin. Il désire se fondre avec le feu de l'univers.

6.  Les SOPHISTES

La sophistique est un enseignement qui permet de faire triompher une thèse même si elle est fausse, grâce à l'érudition et la virtuosité du langage. Platon critique vivement les sophistes. Mais il ne faut pas oublier qu'il y avait chez plusieurs d'entre eux, (Protagoras, Gorgias, Isocrate, Prodicus, Hippias….) une très intéressante critique de la conception grecque de la barbarie, et la quête d'un humanisme véritable.

7.  Les Médecins du V°  siècle :

Hippon, Archélaos, mais surtout HIPPOCRATE : théorie de l'équilibre du froid, chaud, sec, humide qui doivent s'équilibrer…

3. La philosophie comme sagesse : Socrate

Naissance de la PHILOSOPHIE, quête de la SAGESSE.

(En Orient, en Inde, Bouddha a déjà divulgué sa philosophie.)

SOCRATE

Né en Grèce en - 470, mort empoisonné en - 399, à 71 ans, il est le modèle du SAGE, en Occident. Le Sage est celui qui "sait", et qui vit en conformité avec son savoir.

Il n'a rien écrit. On ne le connaît que par les témoignages de ses disciples, parmi lesquels Platon, et de ses contemporains.

Sa vie

Homme étrange, original, passionnant, passionné, fascinant, non-conformiste, ses origines sont modestes. Il est le fils d'un tailleur de pierres et d'une sage-femme (Phénarète). Laid, robuste, le nez camus, vêtu d'un manteau grossier été comme hiver, pieds nus, sale (il se lave rarement), il s'abstient de manger de la viande et de boire du vin. Il est marié à Xanthippe, qui lui fait des scènes de ménage constamment. On ne sait pas grand chose de son passé ni de sa formation intellectuelle. Il a participé à la guerre, il est au courant de toutes les connaissances de son époque, littéraires, scientifiques et philosophiques, il a reçu des enseignements initiatiques. Il a déjà 60 ans quand Platon le rencontre. Ses disciples le décrivent comme bouffon et sérieux, doux et violent, courageux et tempérant, libre penseur, ascète et banqueteur, aristocrate et démocrate, sophiste et anti-sophiste, terre à terre et idéaliste, conformiste et anticonformiste, en bref, comme un homme ambivalent, énigmatique et impossible à classer dans une catégorie définie. A 71 ans, il est condamné à mort par le tribunal d'Athènes.

 Sa pensée :

Elle peut être résumée en trois préceptes :

 1) "Connais-toi."

 2) "Nul n'est méchant volontairement."

 3) "Je sais que je ne sais rien."

Il affirme avoir consulté l'oracle de Delphes, comme tous les gens de son époque. La Pythie (prêtresse d'Apollon) lui aurait dit :

 1- "Connais-toi"

Toute sa démarche philosophique part de là. Il a dû commencer une longue quête intérieure, probablement guidé par des maîtres, et subir une "initiation" (une discipline et un enseignement secrets pour accéder à la connaissance).

Si l'on analyse seulement l'expression JE  ME  CONNAIS, il apparaît clairement qu'il existe un clivage entre le "JE" qui connaît, et le "MOI" qui est l'objet de la connaissance. Le problème est de savoir distinguer ce qui en moi est vraiment moi, ce qui relève de mon ESSENCE, de ce qui est "accessoire", c'est-à-dire de caractéristiques qui m'appartiennent, comme ma coiffure, ma taille…, et que je pourrais changer sans altérer mon être profond, bref de ce qu'on appelle l'APPARENCE.
 
Pour Socrate nous sommes tous doubles : nous sommes composés d'un corps, matériel, visible et périssable, qui appartient au monde du "paraître", et d'un ESPRIT, invisible et immortel (les traducteurs emploient indifféremment les termes âme ou esprit), qui appartient au monde de "l'essence". Mais nous ne le savons pas, parce que tournés constamment vers le monde extérieur, nous ne le voyons pas du tout. Pour nous reconduire vers notre monde intérieur, Socrate invente une méthode qu'il appelle la MAÏEUTIQUE. La maïeutique est une technique d'accouchement. Mais Socrate l'adapte à son projet : accoucher les hommes de la vérité qu'ils portent en eux sans le savoir.

1) Comment ?   2) De quelle vérité s'agit-il?    3) Comment pouvons-nous porter en nous quelque chose  que nous ignorions?

La maïeutique est un dialogue particulier (on le nomme aussi DIALECTIQUE), durant lequel Socrate pose à son disciple des questions apparemment naïves, enjouées, mais en réalité très rusées, on appelle cela l'IRONIE, visant à faire prendre conscience à  son interlocuteur de ses fausses opinions, de ses préjugés, puis il le TORPILLE (Socrate se comparait à un poisson TORPILLE) jusque dans ses certitudes les plus inébranlables, en les lui faisant briser par lui-même, pour le contraindre à entrer au plus profond de son être, dans une région où il ne pénètre jamais, et pouvoir enfin coïncider avec son essence réelle, son ESPRIT. Instant capital, car, en même temps, le sujet découvre qu'il EST cet esprit, mais aussi il accède à tout un monde de souvenirs qui lui étaient absolument inconnus et qui sont gravés en lui : c'est la REMINISCENCE ou anamnèse. Il se souvient alors qu'il a vécu, voyagé dans d'autres mondes avant de s'incarner dans celui-ci, et par conséquent il acquiert non seulement la certitude qu'il est IMMORTEL, mais encore la connaissance de tout ce qui existe au-delà de notre univers visible, donc de l'univers "intelligible" (= METAPHYSIQUE). C'est la raison pour laquelle SOCRATE dit qu'il n'a RIEN A ENSEIGNER ! Il suffit de montrer le chemin, et surtout que le disciple veuille bien le suivre. D'une certaine manière, théoriquement, nous sommes tous égaux puisque nous sommes tous détenteurs de la vérité, il y a un aspect très démocratique dans la pensée socratique. Mais en réalité, nous n'avons pas tous le même rapport à la vérité, cela dépend de notre volonté, mais aussi peut-être de notre chance de rencontrer un bon guide. 

 2-" NUL N'EST MECHANT VOLONTAIREMENT"

Socrate a vécu sous le régime tyrannique de Critias. Il sait que le mal existe. Etre "méchant", c'est produire le mal, c'est-à-dire la souffrance : tuer, torturer, réduire en esclavage, trahir...

Socrate pense que ceux qui font le mal, cherchent avant tout ce qu'ils croient être leur intérêt immédiat : pouvoir, richesse, plaisirs, satisfactions de tous ordres. Mais ils ignorent absolument leur nature spirituelle,  ce qu'est le BIEN et les conséquences de leurs actions  (La corruption entraîne une grave détérioration de l'esprit, et des souffrances en boomerang proportionnelles à celles que l'on a fait subir, et en même temps beaucoup plus intenses. cf. le Mythe d'ER)

Donc  lorsque quelqu'un commet le mal, il croit qu'il en est le bénéficiaire, il ne sait pas qu'il se fait nécessairement du mal à lui-même, et il ignore même la nature de la souffrance qu'il se crée pour plus tard.

La mission du philosophe serait, par conséquent, d'une importance extrême, puisqu'en instruisant les hommes sur leur propre nature, il les dissuaderait de commettre le mal. La  philosophie serait ainsi le meilleur remède pour éradiquer (= enlever avec les racines) le mal dans le monde. Si les hommes savaient qui ils sont, le mal disparaîtrait. Socrate assigne à la philosophie la finalité de rendre l'homme meilleur.

En réalité le problème se pose de savoir si, connaissant le bien, nous le choisirions nécessairement?

Les penseurs judéo-chrétiens répondent NON. La figure de Lucifer représente justement celui qui, connaissant la lumière et le bien, décide de faire en toutes circonstances, le MAL!

   3- JE SAIS QUE JE NE SAIS RIEN"

Attention, "rien" vient du latin res qui signifie "peu de chose".

Le deuxième message que la Pythie aurait donné, non pas à Socrate, mais à l'un de ses amis, Chéréphon concernait sa "sagesse". En effet, toujours selon la Pythie "Personne n'est plus sage que Socrate".

Socrate est conscient de savoir quelque chose, mais il sait que ce qu'il sait est infiniment limité par rapport à tout ce qu'il aimerait ou pourrait savoir. Le fait d'être incarné dans un corps réduit presque à néant la possibilité de connaissance de l'esprit. Il comprend alors que c'est justement dans la conscience des limites de son savoir que réside sa sagesse.

Il faut donc distinguer deux types d'hommes :

Les PHILODOXES (Philo = aimer / doxa = l'opinion) 

Ils sont ceux qui, vivant dans les apparences et les illusions, s'attachent à des préjugés comme sils étaient des vérités absolues. Ceux qui détiennent quelques connaissances dans un domaine particulier, et croient tout savoir, et sont des DOGMATIQUES. Ils ne relativisent rien. Ils n'ont aucune idée du caractère partiel et partial de leurs connaissances. Ce sont des IGNORANTS QUI S'IGNORENT. La véritable IGNORANCE est celle qui n'est pas consciente d'elle-même, l'ignorance qui s'ignore, ou encore l'ignorance à la puissance deux.

Les PHILOSOPHES (Philo = aimer  / sophia = sagesse)  ou les SAGES.

Ceux-là "pratiquent" une ignorance savante, c'est-à-dire consciente d'elle-même.

PROCES ET MORT DE SOCRATE          (lire Le Phédon de Platon)

Socrate a été condamné par le tribunal "démocratique" d'Athènes (201 voix contre 200 !) à boire la ciguë (poison mortel). On lui reprochait deux crimes :  1) son impiété    2) la corruption de la jeunesse.

1) Son impiété :

- Oui : il ne croit pas aux dieux de la cité, qui sont fabriqués à la ressemblance des humains avec tous leurs défauts.(Voir le personnage de Zeus-Jupiter).

- Non :  il a le sens du sacré et croit en l'existence du divin. (Voir allégorie de la Caverne).

2) la corruption de la jeunesse : serait-il homosexuel et entraînerait-il les jeunes dans ce "vice" ?

 - Non : d'abord, en Grèce à cette époque l'homosexualité n'est pas un vice, c'est une coutume, tous les hommes la pratiquent (Aristote, qui aime les femmes, est ridiculisé). Socrate ne l'est pas ou en tout cas ne l'est plus ! Il est l'inventeur de l'amour platonique, c'est-à-dire purement spirituel, sans relations physiques. (Voir le discours d'Alcibiade dans le Banquet de Platon.)

 -  Oui : en conduisant les jeunes à se retourner, se recueillir sur leur monde intérieur, il les détourne de toutes les responsabilités familiales, sociales, économiques, politiques, et religieuses !

On lui propose de s'évader, il 'refuse, il ne prône pas la désobéissance aux lois de la cité. Non-conformiste, il n'est cependant pas révolutionnaire. Il boit la coupe de ciguë calmement, simplement, renvoie ceux qui pleurent, discute avec ses proches de l'immortalité de l'esprit, jusqu'à ce qu'il sente les effets du poison et la proximité de sa mort. C'est alors qu'il dit à Criton, et ce sont ses dernières paroles :

          " VA SACRIFIER UN COQ BLANC A ESCULAPE "

Est-ce une dernière concession à la piété commune ?  Est-ce un dernier message codé, un trait d'humour ?

Esculape est le dieu de la médecine. On lui offre un sacrifice en général pour le remercier d'une guérison. De quoi donc Socrate est-il guéri, sinon de son corps qu'il considérait comme une prison et la "maladie de l'âme"? 

Le coq est un symbole universel. Il est l'animal qui chante à l'aube pour annoncer l'arrivée du soleil, le règne de la lumière sur les ténèbres. La blancheur est en fait la totalité et la fusion de toutes les couleurs.

Tel est peut-être le dernier clin d'œil de Socrate.

Sa mort est-elle symbolique? A travers elle, l'Occident  se condamne-t-il définitivement à suivre la voie de l'AVOIR, et à refuser celle de l'ETRE   ?

4. La métaphysique de Platon

Voir l'allégorie de la caverne, (cours sur la VERITE et le mythe d'ER).

5. Fabrication d'un système philosophique

 

6. Le criticisme kantien (= critique de la métaphysique)

Kant fait une critique très sévère de la philosophie en général, de la métaphysique en particulier.

Il pose trois questions essentielles :

1. Que puis-je savoir ?

Question à laquelle il répond : RIEN. La métaphysique n'a aucune valeur. C'est en effet notre esprit qui construit les structures ("formes" de la sensibilité, "catégories" de l'entendement) à partir desquelles nous percevons le monde et nous en construisons une représentation. La philosophie et la métaphysique ne font que refléter les lois de notre esprit, mais ne nous apprennent rien sur le monde qui est à l'extérieur de nous. Cette réponse est grave. En effet, c'est en général de la métaphysique que découle la morale. Voir Platon : le mythe d'ER. Comment alors fonder une morale? D'où la deuxième question:

2. Que dois-je faire ?

Sur quelle valeur puis-je fonder ma conduite?

Sur un impératif immédiat de ma conscience  (que Kant nomme RAISON PRATIQUE), le DEVOIR. Ma conscience se perçoit d'emblée comme l'être le plus digne de respect qui soit, comme un absolu. Elle a le pouvoir de "s'universaliser", c'est-à-dire de comprendre que chaque conscience peut elle aussi, percevoir sa propre dignité, et se sentir une valeur absolue. A partir de là, une morale est possible. Elle se fonde sur le  devoir qui se fonde lui-même sur le respect de la conscience.

Cf. Les trois impératifs catégoriques

a. Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par toi en LOI UNIVERSELLE. 

b. Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, en toi et en autrui, toujours comme une FIN et jamais seulement comme un moyen.

c. Agis de telle sorte que tu sois à la fois LEGISLATEUR et SUJET dans le règne des fins. Nous en reparlerons dans le cours sur la LIBERTE.

3. Que puis-je espérer ?

Si je ne peux rien savoir, cependant, les exigences morales de ma raison peuvent me laisser espérer que la vie a un sens et que, puisqu'elles ne sont jamais satisfaites dans la vie empirique, elles le seront dans une autre vie, après la mort. La métaphysique ne peut être qu'une hypothèse, en aucun cas une certitude.

Après Kant, d'autres philosophes et penseurs ont rejeté la métaphysique.

Paul Ricoeur les a appelés : "Les maîtres du soupçon", Marx, Nietzsche et Freud.

7. Le rejet de la métaphysique

Les "Maîtres du soupçon".

1. Marx : La "superstructure", le leurre. La conscience est le produit des conditions d'existence. Les philosophes, lorsqu'ils croient penser le monde ne font rien d'autre que projeter le reflet de la société dans laquelle ils vivent.

2. Nietzsche. La vie est absurde, les hommes ont peur de vivre et de mourir, c'est pourquoi ils se fabriquent un autre monde : "l'arrière monde des hallucinés". Critique à la fois de la religion et de la métaphysique de Platon.

3. Freud. Les hommes ne peuvent pas vivre sans se fabriquer des ILLUSIONS. La métaphysique en est une parmi d'autres, probablement une ruse de la pulsion de vie : EROS.

Chaque philosophe poursuit ou critique le cheminement de celui ou de ceux qui le précèdent.

8. Histoire de la philosophie

 

9. Evolution de la philosophie

"LA" philosophie, c'est l'ensemble de tous les systèmes philosophiques qui se succèdent. C'est un long dialogue, une polémique sans fin des philosophes à travers le temps et l'espace.

Les différents systèmes philosophiques évoluent à la fois en continuité (tradition dualiste, spiritualiste, par exemple) et en rupture de continuité. Certains philosophes comme Kant ou Nietzsche, viennent "démolir" les systèmes qui les précèdent pour en créer d'autres. 

Dans l'Antiquité, la philosophie englobe la totalité des savoirs. Le philosophe est non seulement celui qui sait TOUT sur le monde et sur l'au-delà, mais aussi un SAGE.

Mais peu à peu, le savoir scientifique se dégage du savoir philosophique pour se constituer en connaissance autonome.

Dès l'Antiquité, la GEOMETRIE se constitue avec EUCLIDE.

La MECANIQUE, avec ARCHIMEDE.

Pourtant, encore au XVII° siècle, Descartes conçoit un modèle général du savoir à partir d'un arbre, dont les branches seraient : la mécanique, la médecine et la morale.

Le tronc, la physique et enfin les racines, la métaphysique.

Malgré ce modèle idéal, la philosophie s'appauvrit de plus en plus :

L'ASTRONOMIE (Képler et Galilée XVII°), la PHYSIQUE (Newton XVIII°) la CHIMIE (Lavoisier XVIII°), la BIOLOGIE (Cl.Bernard XIX°), enfin les "sciences de l'homme", la POLITIQUE, la SOCIOLOGIE, L'ANTHROPOLOGIE, la PSYCHOLOGIE (psychanalyse de Freud) au XX° se dégagent de la philosophie.

La philosophie se rétrécit. Déjà, au siècle dernier, dans la LOI des TROIS ETATS, Auguste COMTE annonçait sa disparition. Selon lui, la philosophie devait être définitivement remplacée par la science.   

"Loi des trois états" :  L'humanité évolue à travers trois étapes obligatoires :

1. Premier stade (ou état) = l'enfance : le stade théologique. L'homme explique tous les phénomènes par la présence et la volonté des dieux. La tempête est causée par la colère de Neptune.  

2.  Deuxième stade = l'adolescence : le stade métaphysique. Tout s'explique par de grandes idées abstraites. Le "dynamisme" de l'air, le flux vital….

3.  Troisième stade = la maturité : le stade scientifique ou "positiviste". La science expliquera TOUT.

Que reste-t-il à la philosophie ?

En réalité, la philosophie n'est pas morte.

Elle a opéré un retournement sur le sujet pensant avec la phénoménologie.

Mais surtout, elle connaît actuellement un rebondissement à partir de la science. A partir des  découvertes de la fin du siècle, les scientifiques relancent les grands problèmes métaphysiques sur la nature de la matière, la conscience, l'espace et le temps, et avec les problèmes moraux (éthiques) que pose la science.

Le domaine de la philosophie paraît être un lieu de contradictions, où aucune "vérité" n'est sûre. La même philosophie peut être interprétée de multiples façons. Tentons cet exercice à partir d'une pensée que vous connaissez bien. Quelle conclusion doit-on en tirer? La philosophie est-elle pur jeu intellectuel?

10. Les "grilles" d'interprétation

Il est possible et amusant de faire un exercice critique, sur l'allégorie de la Caverne.

En essayant de "lire" ce texte avec des regards différents de celui du philosophe qui l'a écrit, donc de trouver des angles, des perspectives, des points de vue différents qui peuvent faire surgir des significations inattendues.

Ce recul critique permet une distance, donc une liberté d'esprit plus grande.

En même temps, il est dangereux, car il risque de nous faire tomber dans une subjectivité totale. Donc, il conviendra de garder des "barrières", et de revenir constamment au texte pour en signaler les éléments qui "résistent" à l'interprétation.

Tentons ce jeu : Liste de quelques grilles possibles, à compléter. Voir HERMENEUTIQUE

1- Grille symbolique orientale cf. le cours sur la CONSCIENCE : les différents centres d'énergie qui correspondraient aux différents étages de la dialectique ascendante.

2- Grille bouddhiste

Des êtres peuvent faire l'expérience de l'illumination, devenir des "boddhisattva", c'est-à-dire des êtres totalement réalisés, et plutôt que de gagner le nirvana, choisissent de revenir dans le monde aider les autres hommes.

"Grand véhicule" ou "petit véhicule" ?

Mais sont-ils assassinés ?

3- Grille chrétienne

Le Christ ressemble-t-il à cet initié, choisi par le divin ?  A qui s'adresse-t-il ? Son message est-il entendu ? Se moque-t-on de lui ? Le crucifie-t-on ?

4- Lecture mystique

 L'échelle de Jacob, saint Jean de la Croix, sainte Thérèse d'Avila…, ne décrivent-ils pas leurs expériences du divin en des termes qui se rapprochent du texte de Platon?

5- Grille maçonnique cf. Mozart : La Flûte enchantée : parallélisme des symboles, le code musical.

6- Lecture marxiste

La pensée de Platon n'est-elle pas le simple reflet des structures socio-politiques de son époque?  Lesquelles?

La société n'est-elle pas constituée de deux classes antagonistes, les dominants détenteurs des richesses donc de la liberté et du pouvoir, et les dominés impuissants, ignorants parce que pauvres? Le soleil n'est-il pas le symbole de l'or = de la richesse et de la puissance? Mais est-il "alimenté" par les prisonniers? Les pauvres peuvent-ils être libérés, s'enrichir et changer de classe ? Quelles sont les limites de la comparaison?

7- Lecture Psychanalytique (thèse d'Otto Rank : le traumatisme de la naissance).

8- Lecture freudienne

  a) Première topique : En quoi le schéma de l'allégorie ressemble-t-il à celui de la première topique ?

  b) Le statut du névrosé : Celui qui est coincé dans ses chaînes n'est-il pas le névrosé inhibé? Comment et grâce à qui peut-il se libérer? Que peut ici représenter le soleil?

9- Lecture psychiatrique

Celui qui est libéré, n'a-t-il pas quelques points communs avec le "fou"? D'ailleurs est-ce un hasard s'il est pris pour un "fou"? Quels pourraient être les signes de sa "folie"? Quel type de folie? En quoi les prisonniers installés bien confortablement dans leurs chaînes pourraient-ils être les gens "normaux"?

10- Lecture structuraliste

Cf. les" trois niveaux" de Dumézil.

11- Lecture féministe

Platon serait-il "machiste"?    Etudiez la symbolique de la caverne!

Le clivage hommes libres / prisonniers ne reflète-t-il pas le clivage homme / femme? Cf. L.Iriguaray. Le spéculum de l'autre femme.

12- Lecture "bio-génétique".

Le cheminement originel de la vie. La fécondation?

13- Lecture scientifique (Physique contemporaine).

Hypothèse de plusieurs scientifiques : l'univers serait constitué de trois "étages". (Cf. D.Bohm, Pribram, cités dans le livre de R.Dutheil : L'homme super-lumineux, Sand, 1992.) La science conduirait à une vision platonicienne de l'univers.

1. Univers "sous-lumineux", matière, cerveau,  (= caverne).

2. Univers "lumineux" : photons, circulation des signaux dans le cortex,  (= univers intelligible contenant les essences).

3. "Univers super-lumineux", "tachyons", circulant "plus vite" que la lumière = information totale? = esprits, (= divin, au-delà de l'espace et du temps).

 

Conclusion

Spécificité de la PHILOSOPHIE    

 Résumé.

     En quoi la philosophie se distingue-t-elle des autres domaines de réflexion ?

PHILOSOPHIE
 
Le philosophe cherche le Pourquoi.
Il propose des hypothèses.
La philosophie est un système hypothético-déductif, c'est-à-dire un raisonnement qui se déduit à partir d'hypothèses. En cela elle ressemble à une axiomatique.

 

Le philosophe utilise sa raison, c'est-à-dire un type de réflexion qui obéit aux lois logiques.

Il vise une intelligibilité.

 

Il veut comprendre.

La philosophie est un système ouvert, en ce sens que chaque philosophe, à chaque époque, se donne et a le droit de critiquer, de remettre en question les systèmes des philosophes qui le précèdent, et de proposer une vision nouvelle de l'univers.

 

Du coup, la philosophie développe l'esprit critique et une sorte d'inquiétude, voire d'angoisse. La philosophie "grossit" les problèmes existentiels.

Aucun rite.

 
Solitude de chaque philosophe.

 

RELIGION

Le religieux a la réponse.
En général, les religions offrent des réponses sous formes de "révélations". Les grands fondateurs de religions, Moïse, Bouddha, le Christ, Mahomet, affirment avoir eu un contact avec le divin ou le surnaturel. Le plus souvent l'existence de Dieu est posée comme une certitude.

Le religieux donne sa "foi" = adhésion du cœur.

Il accepte le "mystère" du monde, donc de ne pas tout comprendre.

Il croit.

 Les croyances se concentrent dans des dogmes que tout fidèle doit accepter et respecter, en restant fidèle à la tradition. (Les traditions religieuses évoluent certes, mais très lentement.)

 

La religion rassure l'homme, elle lui donne un sentiment de sécurité : être aimé de Dieu, par exemple.

     Tout religieux doit accomplir un ensemble de rites.

 

Toute religion implique l'appartenance à une communauté.
 

PHILOSOPHIE

  Utilisation de la RAISON. Nécessité de cohérence logique.

 

   Mais, la philosophie cherche le SENS, la FINALITE de l'existence, de l'univers.

 

La philosophie s'attache au POURQUOI

 

Le philosophe utilise le langage linguistique.

 

             

Les réponses des philosophes sont invérifiables et infalsifiables. Elles restent toutes des hypothèses.

 

La philosophie, au sens ancien, vise la SAGESSE, c'est-à-dire à obtenir :
      
 

un POUVOIR sur SOI-MEME.

SCIENCE

                      Idem

 

Tandis que le scientifique cherche à comprendre le FONCTIONNEMENT de l'univers, la cause des phénomènes.

 

La science s'attache au COMMENT.

 

Le scientifique utilise un langage (code) logico-mathématique.

               

Les théories des scientifiques sont vérifiables et falsifiables (=on peut prouver qu'elles sont fausses) 

 

La science donne à l'homme :

  
 

 

un POUVOIR sur le MONDE.

PHILOSOPHIE

 

Le philosophe réfracte ou donne un reflet du monde, avec sa RAISON, son intelligence.

 

Il crée un système abstrait, intelligible. Il s'adresse à notre intelligence.

 

Il cherche la VERITE.

 

Il s'intéresse à l'universel.

 

Il désire être objectif.

ART

 

  L'artiste réfracte le monde avec sa SENSIBILITE.

 

  Il crée une œuvre d'art concrète, perceptible par les sens.

 

 Il cherche à produire de la BEAUTE.(art classique)
  ou  un MESSAGE (art moderne)
 
 Il s'intéresse au particulier, à un aspect immédiat du réel.

       
  L'artiste est toujours subjectif.

                         PHILOSOPHIE

 Domaine de la  Réflexion

 

Organiser logiquement des idées pour accéder à la VERITE.

 

Désir de SAGESSE.

               POLITIQUE

 Domaine de l'Action.

 

Politique idéale : Organiser les rapports entre les hommes pour réaliser la JUSTICE et l'HARMONIE.

 

Politique réelle : Ambition et quête du POUVOIR (volonté de puissance).

 

A quoi sert la PHILOSOPHIE ?

Tout dépend du sens donné à "servir"?

Si l'on raisonne en termes d'utilité pratique, la philosophie ne sert à rien.

Mais sur un autre plan, elle aide à développer un sens critique et à conquérir une liberté de penser qui est le 1° degré de la liberté tout court ! C'est sans doute la raison pour laquelle les régimes totalitaires et tyranniques la condamnent.

D.Desbornes. 2009 .