La Philosophie 
							  
							  Introduction
							  
							  1.  Du MYTHOS au LOGOS (= du  mythe au discours)
							  
							  
							  2.  Origine de  la philosophie 
							  
							  
							  3.  La philosophie  comme sagesse : Socrate
							  
							  
							  4.  La métaphysique de Platon
							  
							  
							  5.  Fabrication  d'un système philosophique
							  
							  
							  6.  Le criticisme  kantien (= critique de la métaphysique)
							  
							  
							  7.  Le rejet  de la métaphysique
							  
							  
							  8.  Histoire de  la philosophie
							  
							  
							  9. Evolution  de la philosophie
							  
							  
							  10. Les  "grilles" d'interprétation
							  
                                Conclusion
								
								
                              
							   Lorsque nous sommes en face de l'univers,  et que nous essayons d'en prendre conscience, et de le comprendre, nous nous  heurtons à un silence et nous sommes étonnés. "La philosophie naît de cet  étonnement" Aristote. L'univers en effet   se "tait", et nous avons   envie de le faire "parler".   Son sens n'apparaît pas. Le monde nous semble étranger, énigmatique,  parfois même hostile. La contemplation du ciel étoilé, dont nous savons  maintenant qu'il s'étend presque à l'infini, nous émerveille et nous  impressionne. Sa contemplation peut même nous plonger dans l'angoisse et nous  obliger à nous interroger. 
							  Pascal écrit ; "Le silence  des espaces infinis m'effraie !". 
							  Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où  vais-je ? Essence, origine, finalité telles sont les interrogations  fondamentales de l'homme sur lui-même.
							  "Pourquoi le monde  existe-t-il plutôt que rien ?" Cf. Leibniz. 
							  "Que puis-je savoir ? Que  dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Trois problèmes qui se résument  dans celui-ci : Qu'est-ce que l'homme? " Cf. Kant.
   
							    D'où vient le mal? Comment  l'extirper de nous-mêmes et du monde? Peut-on accéder au bonheur?
							  Telles sont les interrogations  fondamentales et non résolues de l'humanité.
							  Nulle part il n'est écrit d'où  nous venons, pourquoi nous sommes nés ici dans ce pays, à cette époque,  pourquoi nous allons un jour nécessairement disparaître, où nous allons nous en  aller, il n'est non plus nulle part inscrit ce que nous avons à faire, quel est  notre but ou notre finalité. Le monde n'est-il qu'un amas d'atomes. Sommes-nous  perdus, abandonnés dans une solitude   muette et absurde ? Ou bien y a-t-il "par derrière" une  signification voilée, invisible, mais que notre esprit pourrait déchiffrer  pourvu qu'elle s'en donne la peine ?
							   C'est de la curiosité de l'homme,  de son désir de comprendre, de son besoin de sens, que naît la philosophie.  Cela implique une rupture avec l'attitude naïve et passive qui  "prend" la vie comme elle est. Pour l'esprit philosophique rien ne va  de soi. Tout pose problème. Il n'est pas du tout naturel que "je"  sois là dans ma singularité (unique au monde) alors que je pourrais ne pas  exister (= contingence).
							  Définition
							  Le mot PHILOSOPHIE  vient du grec : 
							   Philo: signifie j'aime, je  désire, Sophia signifie d'abord savoir  et ensuite sagesse.
							   * Le savoir c'est  l'ensemble des informations que nous pouvons détenir sur le monde et sur nous. 
							   * La sagesse est  l'attitude qui découle de ce savoir. Une manière de se comporter dans la vie  qui rend serein (= qui apporte l'équilibre et le bonheur).
							  a. La philosophie comme SAGESSE
							  Dans son acception ancienne, la  notion de philosophie impliquait à la fois le désir de savoir et le  désir de conformer sa conduite à ce savoir, donc elle était d'abord la quête de la sagesse. Socrate est le premier modèle du sage. 
							   Celui qui aime ou désire la  connaissance doit commencer par la chercher, et essayer de la trouver avec son  esprit.
							  b. La philosophie comme  systèmes d'idées.
							  La PHILOSOPHIE est d'abord  une quête de sens
							  - Ceux qui s'interrogent sur le  sens de l'existence, sont "philosophes" dans le sens où ils possèdent  un esprit "philosophique", c'est-à-dire le sens des problèmes.
							  - Ceux qui s'étant interrogés,  vont beaucoup plus loin, et essaient de répondre. Répondre, comment ? En  fabriquant une "PHILOSOPHIE" soit, un ensemble d'hypothèses-réponses organisées en théories, c'est-à-dire en un système d'idées, définies le plus  clairement possible (= des concepts), qui s'enchaînent avec logique et  cohérence, et proposent une explication intelligible (= compréhensible  par notre raison et notre intelligence) du monde et de notre présence dans le  monde, en lui donnant  en général un sens,  mais pas toujours. Il existe, en effet des philosophies de l'absurde (philosophie de Sartre par exemple), mais elles tentent de restaurer un sens  pour l'homme au-delà de l'absurdité de la vie. 
    
							    Les réponses de la philosophie  sont très différentes de celles de la science. Elles ne peuvent pas être  prouvées, ni "falsifiées" (falsifier = prouver la fausseté d'une  théorie). Elles restent des systèmes d'hypothèses, aujourd'hui l'on dit  "AXIOMES". (Un axiome est une proposition invérifiable,  indémontrable, que l'on place au départ d'un raisonnement.) C'est pourquoi on  peut appeler la philosophie : système  "hypothético-déductif", c'est-à-dire déduit, construit, à  partir d'hypothèses ou encore AXIOMATIQUE. (Voir les  cours sur la LOGIQUE et sur les MATHEMATIQUES).
							  La PHILOSOPHIE est l'ensemble  de toutes les réponses apportées par les philosophes à travers le temps sous la  forme de systèmes.
							  Sagesse au départ,  la philosophie devient pur système intellectuel d'idées ensuite, en Occident. 
							  c. Les différentes parties  de la philosophie
							  1. La METAPHYSIQUE est une partie de la philosophie. Ce terme vient d'Aristote. Après avoir écrit  un livre sur la PHYSIQUE, il en a écrit un suivant, dans lequel il traitait des  problèmes qui se situent au-delà de la physique, il a intitulé ce livre Méta-Physique. Et ce terme est resté dans l'histoire de la philosophie. La métaphysique est  l'étude des principes premiers, au-delà de l'espace, du temps, du monde  sensible, qui "expliquent" l'existence du monde, Dieu, l'esprit ou  l'âme, etc. 
							  2. L'ETHIQUE  traite des problèmes de la morale, le BIEN, le MAL, le DEVOIR, la  responsabilité de l'homme. Aujourd'hui, les progrès de la biologie (a  procréation médicalement assistée (PMA), le clonage humain entre autres  découvertes) mettent l'homme en face de graves difficultés morales :  
							   3.  La PSYCHOLOGIE, réflexion sur  l'âme, puis sur le psychisme c'est à dire le monde intérieur.
							   4.  L'ANTHROPOLOGIE, étude de  l'humanité en général.
							   5.  L'EPISTEMOLOGIE, réflexion sur  la science et la démarche scientifique.
							   6.  L'ESTHETIQUE, réflexion  sur l'art.
							   7.  La THEOLOGIE, réflexion sur  Dieu.
							  
    
      1. Du MYTHOS au LOGOS (= du  mythe au discours) | 
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  Les mythes sont des récits qui  mettent en scène des symboles. Un symbole est une image, une forme, un objet  qui a une ressemblance avec un autre être. Les mythes proposent des  explications du monde et sont les réponses les plus anciennes.
  Pour comprendre le sens d'un mythe,  on utilise une technique qui s'appelle l'HERMENEUTIQUE et qui  permet de déchiffrer les textes sacrés, le sens des rêves par exemple. L'idée  de base pour l'herméneutique traditionnelle, c'est qu'il existe différentes  strates de lectures, différents sens cachés, en général, trois niveaux  d'interprétations :
   1. le niveau profane qui  correspond au sens immédiat, compréhensible par tous, et qui parle de la vie  quotidienne.
   2. Le niveau psychologique est  censé nous enseigner comment nous fonctionnons, comment nous pouvons utiliser  nos facultés, quelles sont nos ressources physiques, affectives, mentales.  C'est ce niveau que Bruno Bettelheim analyse dans son excellent ouvrage Psychanalyse  des contes de fées. 
   3. Le niveau métaphysique ou  "sacré" nous informe sur des vérités essentielles, non immédiatement  accessibles à l'être humain, et qui concernent la vie, la mort, le monde, le  sens en général.
  L'herméneute a deux modes de  compréhension du texte. 
   * Le premier est dit "objectif",  et dans  ce cas, les différents éléments  du mythe sont considérés comme extérieurs les uns aux autres. Par exemple dans  la Genèse, Dieu, Adam, Eve, le serpent seraient des êtres différents,  séparés.
   * Le deuxième mode de  compréhension est dit "subjectif", et dans ce cas, les différents  êtres ou symboles représentent des caractéristiques, qualités, défauts,  tendances existant à l'intérieur d'un même être. Ainsi, Dieu, Adam, Eve, le  serpent représenteraient chacun la conscience, les pôles masculin et féminin,  la volonté de puissance de l'être humain.
  Plusieurs mythes nous intéressent  en philosophie, Mythes fondateurs judéo-chrétiens comme la Genèse.  Mythes grecs : Prométhée, Dédale Icare et le labyrinthe, Chronos-Saturne, Œdipe  etc., les mythes indo-européens : Le petit Poucet, la belle au bois dormant, le  roi crapaud…
  Notre civilisation est au  carrefour de tous ces mythes, elle en est la synthèse, et la philosophie y  trouve ses racines.
  L'histoire du Poucet vient de  l'Inde ancienne, on la retrouve jusque dans la Chine ancienne. 
   Le mythe propose une réponse  codée au désir de savoir qui est l'homme, de quoi il est fait, ce qu'est le  monde, quelle est la place de l'homme dans le monde, quelle est sa destinée.
   Voir quelques essais  d'interprétations de mythes et contes dans HERMENEUTIQUE.
  Gramsci (philosophe contemporain)  affirme que tous les hommes sont philosophes, et qu'ils traduisent spontanément  leur conception du monde, non seulement dans les mythes, mais aussi dans les  différents folklores, dans les rites, dans leur langage…
  Aux images et aux symboles, les  philosophes substituent les concepts = des idées abstraites,  clairement définies. Même lorsque Socrate utilise des mythes, il les traduit en  idées.
  
                                
                                  2. Origine de la philosophie  | 
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							  Les Présocratiques
							  Les Présocratiques sont des  penseurs, leurs systèmes philosophiques sont incomplets, du moins ce qui nous  en est parvenu, ils proposent quelques hypothèses au sujet du monde.
							  1. Ecole ionienne 
							   (Ville Millet, d'où leur nom, les  "Milésiens".) Ce sont des physiciens.
							  THALES (-640, -562)
							   Tout vient de l'eau. La terre est  un disque plat, porté sur une eau primitive.
							  ANAXIMENE  (-585? –528?)
							   Le monde vient de l'infini, qui  est de nature aérienne, indéterminé, illimité, chaotique. Un mouvement  d'agitation sépare les choses.
							  ANAXIMANDRE (-610  -527)
							   Les êtres vivants naissent de  l'évaporation de l'eau.
							  HERACLITE (-576?  -480?)
							   Le monde est éternel. La  "guerre" (polémos) est père de toute chose = un conflit permanent est  au cœur de tout ce qui existe. Il existe une sorte d'opposition éternelle entre  les contraires.
							   La substance primordiale est le  feu.
							   Le changement est incessant. Rien  n'est fixe. Les choses s'écoulent perpétuellement. Idée d'impermanence.  "Tu ne te baignes jamais deux fois dans le même fleuve." Tout coule,  tout change…
							   Autonomie du monde. Pas de Dieu.
							   Le temps brasse éternellement les  choses, sans intentions, sans "arrière-pensée". Le cours des  événements est innocent.
							   "Le temps est un enfant qui  joue au trictrac." (Le trictrac est un jeu de dés.)
							  ANAXAGORE  (-500   -428) 
							   D'abord, il y a un CHAOS. Tous  les éléments matériels sont mêlés ensemble sans aucun ordre. Mais une  INTELLIGENCE supérieure existe à l'extérieur du mélange, le "Noùs". 
							   C'est elle qui ordonne le monde,  elle classe, sépare, regroupe, réunit, bref ORGANISE tous les éléments pour  produire le monde tel qu'il est.
							  2.  Ecole PYTHAGORICIENNE
							  PYTHAGORE  (-570   -490)
							  "Le nombre gouverne le  monde". Le nombre est un outil sacré pour comprendre l'univers, le cosmos.  Symbolique des nombres. Mysticisme. Croyance en la métempsycose.
							  3.  Les Eléates              (Elée = colonie des Ioniens sur  la côte lucanienne.)
							  XENOPHANE    (-580    - ?)
							   Monde éternel, mondes  innombrables, idée d'un Dieu unique qui gouverne tout. 
							  PARMENIDE  (-544   -450)
							   Le mouvement et le changement  sont des apparences, des illusions. Derrière ce mouvement, en réalité, le monde  est immobile, sans déterminations, toujours identique à lui-même. La réalité  est une et infinie.
							  ZENON d'ELEE  (-490   -430)
							  Disciple de Parménide. Le mouvement  est une illusion, voire il est impossible. Théoriquement, Achille, parti après  la tortue, ne peut pas la rattraper. Il doit atteindre la moitié de la moitié  de la distance qui l'en sépare, et ceci à l'infini ! Donc il ne la rattrapera  jamais.
							  4.  Ecole ATOMISTIQUE
							  Leucippe (-450   ??)
							  DEMOCRITE (-460   -371)
							   Il existe une infinité d'atomes,  corpuscules matériels, invisibles, indivisibles, ayant une infinité de formes.  Ils "tombent" éternellement dans le vide originel. Mais de temps en  temps, ils dévient de leur trajectoire sous l'effet d'une force : le  "clinamen", qui leur impulse un mouvement tourbillonnaire. Du coup,  ils rencontrent d'autres atomes. C'est de ces milliards de rencontres, au  hasard, que se fabrique peu à peu l'univers et tout ce qu'il contient.
							    D'innombrables mondes existent.
							  5.  EMPEDOCLE d'AGRIGENTE   (Sicile, -483   -424)
							   Le monde est fait de quatre  éléments éternels : Le feu, la terre, l'air et l'eau. Il existe deux sortes de  mouvements qui les combinent, un mouvement d'attirance : l'amour, et un  mouvement de dissociation : la haine. Le monde est soumis à l'alternance de ces  deux mouvements. La phase actuelle de l'histoire du monde est dominée par la  haine. Empédocle  croit en la transmigration  des âmes. Il se jette dans l'Etna (volcan), au moment où il sent que sa vie  touche à sa fin. Il désire se fondre avec le feu de l'univers. 
							  6.  Les SOPHISTES
							   La sophistique est un  enseignement qui permet de faire triompher une thèse même si elle est fausse,  grâce à l'érudition et la virtuosité du langage. Platon critique vivement les  sophistes. Mais il ne faut pas oublier qu'il y avait chez plusieurs d'entre  eux, (Protagoras, Gorgias, Isocrate, Prodicus, Hippias….)  une très intéressante critique de la conception grecque de la barbarie, et la  quête d'un humanisme véritable.
							  7.  Les Médecins du V°  siècle : 
							  Hippon, Archélaos, mais surtout HIPPOCRATE : théorie de l'équilibre du froid, chaud, sec, humide qui doivent s'équilibrer…
							  
                                    
                                      3. La philosophie  comme sagesse : Socrate | 
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							      Naissance de la PHILOSOPHIE,  quête de la SAGESSE.
						          (En Orient, en Inde, Bouddha a  déjà divulgué sa philosophie.)
						          SOCRATE
						          Né en Grèce en - 470, mort  empoisonné en - 399, à 71 ans, il est le modèle du SAGE, en Occident. Le Sage  est celui qui "sait", et qui vit en conformité avec son savoir.
						           Il n'a rien écrit. On ne le  connaît que par les témoignages de ses disciples, parmi lesquels Platon, et de  ses contemporains.
						          1  Sa vie
						           Homme étrange, original,  passionnant, passionné, fascinant, non-conformiste, ses origines sont modestes.  Il est le fils d'un tailleur de pierres et d'une sage-femme (Phénarète). Laid,  robuste, le nez camus, vêtu d'un manteau grossier été comme hiver, pieds nus,  sale (il se lave rarement), il s'abstient de manger de la viande et de boire du  vin. Il est marié à Xanthippe, qui lui fait des scènes de ménage constamment.  On ne sait pas grand chose de son passé ni de sa formation intellectuelle. Il a  participé à la guerre, il est au courant de toutes les connaissances de son  époque, littéraires, scientifiques et philosophiques, il a reçu des  enseignements initiatiques. Il a déjà 60 ans quand Platon le rencontre. Ses  disciples le décrivent comme bouffon et sérieux, doux et violent, courageux et  tempérant, libre penseur, ascète et banqueteur, aristocrate et démocrate,  sophiste et anti-sophiste, terre à terre et idéaliste, conformiste et  anticonformiste, en bref, comme un homme ambivalent, énigmatique et impossible  à classer dans une catégorie définie. A 71 ans, il est condamné à mort par le  tribunal d'Athènes.
						           2   Sa pensée  :
					          Elle peut être résumée en trois  préceptes :
					            1) "Connais-toi." 
					           2) "Nul n'est méchant  volontairement." 
						           3) "Je sais que je ne sais rien."
						          Il affirme avoir consulté  l'oracle de Delphes, comme tous les gens de son époque. La Pythie (prêtresse  d'Apollon) lui aurait dit : 
						           1- "Connais-toi" 
					          Toute sa démarche philosophique  part de là. Il a dû commencer une longue quête intérieure, probablement guidé  par des maîtres, et subir une "initiation" (une discipline et un  enseignement secrets pour accéder à la connaissance).
						           Si l'on analyse seulement  l'expression JE  ME  CONNAIS, il apparaît clairement qu'il existe  un clivage entre le "JE" qui connaît, et le "MOI" qui est  l'objet de la connaissance. Le problème est de savoir distinguer ce qui en moi  est vraiment moi, ce qui relève de mon ESSENCE, de ce qui est  "accessoire", c'est-à-dire de caractéristiques qui m'appartiennent,  comme ma coiffure, ma taille…, et que je pourrais changer sans altérer mon être  profond, bref de ce qu'on appelle l'APPARENCE.
   
						            Pour Socrate nous sommes tous  doubles : nous sommes composés d'un corps, matériel, visible et  périssable, qui appartient au monde du "paraître", et d'un ESPRIT,  invisible et immortel (les traducteurs emploient indifféremment les termes âme  ou esprit), qui appartient au monde de "l'essence". Mais nous ne le  savons pas, parce que tournés constamment vers le monde extérieur, nous ne le  voyons pas du tout. Pour nous reconduire vers notre monde intérieur, Socrate  invente une méthode qu'il appelle la MAÏEUTIQUE. La maïeutique est une  technique d'accouchement. Mais Socrate l'adapte à son projet : accoucher les  hommes de la vérité qu'ils portent en eux sans le savoir.
						          1) Comment ?   2) De quelle vérité s'agit-il?    3) Comment pouvons-nous porter en nous  quelque chose  que nous ignorions? 
						          La maïeutique est un dialogue  particulier (on le nomme aussi DIALECTIQUE), durant lequel Socrate pose à son  disciple des questions apparemment naïves, enjouées, mais en réalité très  rusées, on appelle cela l'IRONIE, visant à faire prendre conscience à  son interlocuteur de ses fausses opinions, de  ses préjugés, puis il le TORPILLE (Socrate se comparait à un poisson TORPILLE)  jusque dans ses certitudes les plus inébranlables, en les lui faisant briser  par lui-même, pour le contraindre à entrer au plus profond de son être, dans  une région où il ne pénètre jamais, et pouvoir enfin coïncider avec son essence  réelle, son ESPRIT. Instant capital, car, en même temps, le sujet découvre  qu'il EST cet esprit, mais aussi il accède à tout un monde de souvenirs qui lui  étaient absolument inconnus et qui sont gravés en lui : c'est la REMINISCENCE ou anamnèse. Il se souvient alors qu'il a vécu, voyagé dans d'autres  mondes avant de s'incarner dans celui-ci, et par conséquent il acquiert non  seulement la certitude qu'il est IMMORTEL, mais encore la connaissance de tout  ce qui existe au-delà de notre univers visible, donc de l'univers  "intelligible" (= METAPHYSIQUE). C'est la raison pour laquelle  SOCRATE dit qu'il n'a RIEN A ENSEIGNER ! Il suffit de montrer le chemin,  et surtout que le disciple veuille bien le suivre. D'une certaine manière,  théoriquement, nous sommes tous égaux puisque nous sommes tous détenteurs de la  vérité, il y a un aspect très démocratique dans la pensée socratique. Mais en  réalité, nous n'avons pas tous le même rapport à la vérité, cela dépend de  notre volonté, mais aussi peut-être de notre chance de rencontrer un bon  guide.  
						           2-" NUL N'EST MECHANT  VOLONTAIREMENT" 
						          Socrate a vécu sous le régime  tyrannique de Critias. Il sait que le mal existe. Etre "méchant",  c'est produire le mal, c'est-à-dire la souffrance : tuer, torturer, réduire en  esclavage, trahir...
					          Socrate pense que ceux qui font  le mal, cherchent avant tout ce qu'ils croient être leur intérêt immédiat :  pouvoir, richesse, plaisirs, satisfactions de tous ordres. Mais ils ignorent  absolument leur nature spirituelle,  ce  qu'est le BIEN et les conséquences de leurs actions  (La corruption entraîne une grave  détérioration de l'esprit, et des souffrances en boomerang proportionnelles à  celles que l'on a fait subir, et en même temps beaucoup plus intenses. cf. le  Mythe d'ER) 
						           Donc  lorsque quelqu'un commet le mal, il croit  qu'il en est le bénéficiaire, il ne sait pas qu'il se fait nécessairement du  mal à lui-même, et il ignore même la nature de la souffrance qu'il se crée pour  plus tard.
						           La mission du philosophe serait,  par conséquent, d'une importance extrême, puisqu'en instruisant les hommes sur  leur propre nature, il les dissuaderait de commettre le mal. La  philosophie serait ainsi le meilleur remède  pour éradiquer (= enlever avec les racines) le mal dans le monde. Si les hommes  savaient qui ils sont, le mal disparaîtrait. Socrate assigne à la  philosophie la finalité de rendre l'homme meilleur.
						          En réalité le problème se pose de  savoir si, connaissant le bien, nous le choisirions nécessairement? 
						           Les penseurs judéo-chrétiens  répondent NON. La figure de Lucifer représente justement celui qui, connaissant  la lumière et le bien, décide de faire en toutes circonstances, le MAL!
						             3- JE SAIS QUE JE NE SAIS RIEN"
						          Attention, "rien" vient  du latin res qui signifie "peu de chose".
						           Le deuxième message que la Pythie  aurait donné, non pas à Socrate, mais à l'un de ses amis, Chéréphon concernait  sa "sagesse". En effet, toujours selon la Pythie "Personne  n'est plus sage que Socrate".
						           Socrate est conscient de savoir  quelque chose, mais il sait que ce qu'il sait est infiniment limité par rapport  à tout ce qu'il aimerait ou pourrait savoir. Le fait d'être incarné dans un corps  réduit presque à néant la possibilité de connaissance de l'esprit. Il comprend  alors que c'est justement dans la conscience des limites de son savoir que  réside sa sagesse.
						           Il faut donc distinguer deux  types d'hommes :
						          Les PHILODOXES (Philo = aimer / doxa = l'opinion)   
						          Ils sont ceux qui, vivant dans les apparences et les illusions,  s'attachent à des préjugés comme sils étaient des vérités absolues. Ceux qui  détiennent quelques connaissances dans un domaine particulier, et croient tout  savoir, et sont des DOGMATIQUES. Ils ne relativisent rien. Ils n'ont aucune  idée du caractère partiel et partial de leurs connaissances. Ce sont des  IGNORANTS QUI S'IGNORENT. La véritable IGNORANCE est celle qui n'est pas  consciente d'elle-même, l'ignorance qui s'ignore, ou encore l'ignorance à la  puissance deux. 
						          Les PHILOSOPHES (Philo = aimer  / sophia =  sagesse)  ou les SAGES. 
						           Ceux-là "pratiquent"  une ignorance savante, c'est-à-dire consciente d'elle-même. 
						           3  PROCES  ET MORT DE SOCRATE          (lire Le Phédon de Platon)
						          Socrate a été condamné par le  tribunal "démocratique" d'Athènes (201 voix contre 200 !) à boire la  ciguë (poison mortel). On lui reprochait deux crimes :  1) son impiété    2) la corruption de la jeunesse. 
					          1) Son impiété : 
						           - Oui : il ne croit pas aux dieux  de la cité, qui sont fabriqués à la ressemblance des humains avec tous leurs  défauts.(Voir le personnage de Zeus-Jupiter).
						           - Non :  il a le sens du sacré et croit en l'existence  du divin. (Voir allégorie de la Caverne).
					          2) la corruption de la  jeunesse : serait-il homosexuel et entraînerait-il les jeunes dans ce  "vice" ?
						            - Non : d'abord, en Grèce à cette époque  l'homosexualité n'est pas un vice, c'est une coutume, tous les hommes la  pratiquent (Aristote, qui aime les femmes, est ridiculisé). Socrate ne l'est  pas ou en tout cas ne l'est plus ! Il est l'inventeur de l'amour platonique,  c'est-à-dire purement spirituel, sans relations physiques. (Voir le discours  d'Alcibiade dans le Banquet de Platon.)
						            -  Oui :  en conduisant les jeunes à se retourner, se recueillir sur leur monde  intérieur, il les détourne de toutes les responsabilités familiales, sociales,  économiques, politiques, et religieuses !
						           On lui propose de s'évader, il 'refuse, il  ne prône pas la désobéissance aux lois de la cité. Non-conformiste, il n'est  cependant pas révolutionnaire. Il boit la coupe de ciguë calmement, simplement,  renvoie ceux qui pleurent, discute avec ses proches de l'immortalité de  l'esprit, jusqu'à ce qu'il sente les effets du poison et la proximité de sa mort.  C'est alors qu'il dit à Criton, et ce sont ses dernières paroles :
						                    " VA SACRIFIER UN COQ  BLANC A ESCULAPE "
					          Est-ce une dernière concession à  la piété commune ?  Est-ce un dernier  message codé, un trait d'humour ?
						           Esculape est le dieu de la  médecine. On lui offre un sacrifice en général pour le remercier d'une  guérison. De quoi donc Socrate est-il guéri, sinon de son corps qu'il  considérait comme une prison et la "maladie de l'âme"?  
						           Le coq est un symbole universel.  Il est l'animal qui chante à l'aube pour annoncer l'arrivée du soleil, le règne  de la lumière sur les ténèbres. La blancheur est en fait la totalité et la  fusion de toutes les couleurs. 
						           Tel est peut-être le dernier clin  d'œil de Socrate.
						          Sa mort est-elle symbolique? A  travers elle, l'Occident  se  condamne-t-il définitivement à suivre la voie de l'AVOIR, et à  refuser celle de l'ETRE   ? 
						          
                                
                                  4. La métaphysique de Platon | 
                                   | 
                                
                              
							  Voir l'allégorie  de la caverne, (cours sur la VERITE et le mythe d'ER). 
							  
                                  
                                    5. Fabrication  d'un système philosophique | 
                                     | 
                                  
                              
							     
							    
                                
                                  6. Le criticisme  kantien (= critique de la métaphysique) | 
                                   | 
                                
                              
							  Kant fait une critique très  sévère de la philosophie en général, de la métaphysique en particulier.
							   Il pose trois questions  essentielles :
							  1. Que puis-je savoir ? 
							   Question à laquelle il répond : RIEN.  La métaphysique n'a aucune valeur. C'est en effet notre esprit qui construit  les structures ("formes" de la sensibilité, "catégories" de  l'entendement) à partir desquelles nous percevons le monde et nous en  construisons une représentation. La philosophie et la métaphysique ne font que  refléter les lois de notre esprit, mais ne nous apprennent rien sur le monde  qui est à l'extérieur de nous. Cette réponse est grave. En effet, c'est en  général de la métaphysique que découle la morale. Voir Platon : le mythe d'ER.  Comment alors fonder une morale? D'où la deuxième question:
							  2. Que dois-je faire ? 
							  Sur quelle valeur puis-je fonder ma conduite?
							   Sur un impératif immédiat de ma  conscience  (que Kant nomme RAISON  PRATIQUE), le DEVOIR. Ma conscience se perçoit d'emblée comme l'être  le plus digne de respect qui soit, comme un absolu. Elle a le pouvoir de  "s'universaliser", c'est-à-dire de comprendre que chaque  conscience peut elle aussi, percevoir sa propre dignité, et se sentir une  valeur absolue. A partir de là, une morale est possible. Elle se fonde sur  le  devoir qui se fonde lui-même sur le  respect de la conscience.
							   Cf. Les trois impératifs  catégoriques :  
							   a. Agis de telle sorte que la  maxime de ton action puisse être érigée par toi en LOI UNIVERSELLE.  
							   b. Agis de telle sorte que tu  traites l'humanité, en toi et en autrui, toujours comme une FIN et jamais  seulement comme un moyen. 
							   c. Agis de telle sorte que tu  sois à la fois LEGISLATEUR et SUJET dans le règne des fins. Nous en reparlerons  dans le cours sur la LIBERTE.
							    3. Que puis-je espérer ?
							  						      Si je ne peux rien savoir,  cependant, les exigences morales de ma raison peuvent me laisser espérer  que la vie a un sens et que, puisqu'elles ne sont jamais satisfaites  dans la vie empirique, elles le seront dans une autre vie, après la mort. La  métaphysique ne peut être qu'une hypothèse, en aucun cas une certitude.
							  Après Kant, d'autres philosophes  et penseurs ont rejeté la métaphysique. 
							   Paul Ricoeur les a appelés :  "Les maîtres du soupçon", Marx, Nietzsche et Freud.
							  
                                
                                  7. Le rejet  de la métaphysique | 
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							  Les "Maîtres du soupçon". 
							  1. Marx : La  "superstructure", le leurre. La conscience est le produit des  conditions d'existence. Les philosophes, lorsqu'ils croient penser le monde ne  font rien d'autre que projeter le reflet de la société dans laquelle ils  vivent. 
							  2. Nietzsche. La vie est  absurde, les hommes ont peur de vivre et de mourir, c'est pourquoi ils se  fabriquent un autre monde : "l'arrière monde des hallucinés".  Critique à la fois de la religion et de la métaphysique de Platon.
							  3. Freud. Les hommes ne  peuvent pas vivre sans se fabriquer des ILLUSIONS. La métaphysique en est une  parmi d'autres, probablement une ruse de la pulsion de vie : EROS.
							  Chaque philosophe poursuit ou  critique le cheminement de celui ou de ceux qui le précèdent.
							  
                                    
                                      8. Histoire de  la philosophie | 
                                       | 
                                    
                              
                                   
                                  
                                
                                  9. Evolution  de la philosophie | 
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							  "LA" philosophie,  c'est l'ensemble de tous les systèmes philosophiques qui se succèdent.  C'est un long dialogue, une polémique sans fin des philosophes à travers le  temps et l'espace. 
							   Les différents systèmes philosophiques  évoluent à la fois en continuité (tradition dualiste, spiritualiste, par  exemple) et en rupture de continuité. Certains philosophes comme Kant ou  Nietzsche, viennent "démolir" les systèmes qui les précèdent pour en  créer d'autres.  
							  Dans l'Antiquité, la philosophie  englobe la totalité des savoirs. Le philosophe est non seulement celui qui sait  TOUT sur le monde et sur l'au-delà, mais aussi un SAGE.
							  Mais peu à peu, le savoir  scientifique se dégage du savoir philosophique pour se constituer en  connaissance autonome.
							  Dès l'Antiquité, la GEOMETRIE se  constitue avec EUCLIDE.
							   La MECANIQUE, avec ARCHIMEDE.
							  Pourtant, encore au XVII° siècle,  Descartes conçoit un modèle général du savoir à partir d'un arbre, dont  les branches seraient : la mécanique, la médecine et la morale.
							   Le tronc, la physique et enfin  les racines, la métaphysique.
							  Malgré ce modèle idéal, la  philosophie s'appauvrit de plus en plus :
							   L'ASTRONOMIE (Képler et Galilée  XVII°), la PHYSIQUE (Newton XVIII°) la CHIMIE (Lavoisier XVIII°), la BIOLOGIE  (Cl.Bernard XIX°), enfin les "sciences de l'homme", la POLITIQUE, la  SOCIOLOGIE, L'ANTHROPOLOGIE, la PSYCHOLOGIE (psychanalyse de Freud) au XX° se  dégagent de la philosophie.
							  La philosophie se rétrécit. Déjà,  au siècle dernier, dans la LOI des TROIS ETATS,  Auguste COMTE annonçait sa disparition. Selon lui, la philosophie devait  être définitivement remplacée par la science.   
							  "Loi des trois états"  :  L'humanité évolue à travers trois  étapes obligatoires :
							  1. Premier stade (ou état) =  l'enfance : le stade théologique. L'homme explique tous les  phénomènes par la présence et la volonté des dieux. La tempête est causée par  la colère de Neptune.   
							  2.  Deuxième stade = l'adolescence : le stade métaphysique.  Tout s'explique par de grandes idées abstraites. Le "dynamisme" de  l'air, le flux vital….
							   3.  Troisième stade = la maturité : le stade scientifique ou "positiviste". La science expliquera TOUT.
							  Que reste-t-il à la philosophie ?
							  En réalité, la philosophie n'est  pas morte. 
							  Elle a opéré un retournement sur  le sujet pensant avec la phénoménologie.
							  Mais surtout, elle connaît  actuellement un rebondissement à partir de la science. A partir des  découvertes de la fin du siècle, les  scientifiques relancent les grands problèmes métaphysiques sur la nature de la  matière, la conscience, l'espace et le temps, et avec les problèmes moraux (éthiques) que pose la science.
							  Le domaine de la philosophie paraît être un  lieu de contradictions, où aucune "vérité" n'est sûre. La même  philosophie peut être interprétée de multiples façons. Tentons cet exercice à  partir d'une pensée que vous connaissez bien. Quelle conclusion doit-on en  tirer? La philosophie est-elle pur jeu intellectuel?
							  
                                
                                  10. Les  "grilles" d'interprétation | 
                                   | 
                                
                              
							  Il est possible et amusant de  faire un exercice critique, sur l'allégorie de la Caverne.
							   En essayant de "lire"  ce texte avec des regards différents de celui du philosophe qui l'a écrit, donc  de trouver des angles, des perspectives, des points de vue différents qui  peuvent faire surgir des significations inattendues.
							  Ce recul critique permet une distance, donc  une liberté d'esprit plus grande.
							   En même temps, il est dangereux,  car il risque de nous faire tomber dans une subjectivité totale. Donc, il  conviendra de garder des "barrières", et de revenir constamment au  texte pour en signaler les éléments qui "résistent" à  l'interprétation.
							  Tentons ce jeu : Liste de  quelques grilles possibles, à compléter. Voir HERMENEUTIQUE
							  1- Grille symbolique orientale cf. le cours sur la CONSCIENCE : les différents centres d'énergie qui  correspondraient aux différents étages de la dialectique ascendante. 
							  2- Grille bouddhiste
							   Des êtres peuvent faire  l'expérience de l'illumination, devenir des "boddhisattva",  c'est-à-dire des êtres totalement réalisés, et plutôt que de gagner le nirvana,  choisissent de revenir dans le monde aider les autres hommes.
							   "Grand véhicule" ou  "petit véhicule" ?
							   Mais sont-ils assassinés ?
							  3- Grille chrétienne
							   Le Christ ressemble-t-il à cet  initié, choisi par le divin ?  A qui  s'adresse-t-il ? Son message est-il entendu ? Se moque-t-on de lui ? Le  crucifie-t-on ?							  
							  4- Lecture mystique
							   L'échelle de Jacob, saint Jean de la Croix,  sainte Thérèse d'Avila…, ne décrivent-ils pas leurs expériences du divin en des  termes qui se rapprochent du texte de Platon? 
							  5- Grille maçonnique cf.  Mozart : La Flûte enchantée : parallélisme des symboles, le code  musical.
							  6- Lecture marxiste
							   La pensée de Platon n'est-elle  pas le simple reflet des structures socio-politiques de son époque?  Lesquelles?
							   La société n'est-elle pas  constituée de deux classes antagonistes, les dominants détenteurs des richesses  donc de la liberté et du pouvoir, et les dominés impuissants, ignorants parce  que pauvres? Le soleil n'est-il pas le symbole de l'or = de la richesse et de  la puissance? Mais est-il "alimenté" par les prisonniers? Les pauvres  peuvent-ils être libérés, s'enrichir et changer de classe ? Quelles sont les  limites de la comparaison?
							  7- Lecture Psychanalytique (thèse d'Otto Rank : le traumatisme de la naissance). 
							  8- Lecture freudienne
							      a) Première topique : En quoi le schéma de l'allégorie ressemble-t-il à  celui de la première topique ?
							     b) Le statut du névrosé : Celui qui est coincé dans ses chaînes n'est-il  pas le névrosé inhibé? Comment et grâce à qui peut-il se libérer? Que peut ici  représenter le soleil?
							  9- Lecture psychiatrique
							  Celui qui est libéré, n'a-t-il  pas quelques points communs avec le "fou"? D'ailleurs est-ce un  hasard s'il est pris pour un "fou"? Quels pourraient être les signes  de sa "folie"? Quel type de folie? En quoi les prisonniers installés  bien confortablement dans leurs chaînes pourraient-ils être les gens  "normaux"? 
							  10- Lecture structuraliste
							   Cf. les" trois niveaux"  de Dumézil.
							  11- Lecture féministe
							   Platon serait-il  "machiste"?    Etudiez la  symbolique de la caverne!
							   Le clivage hommes libres /  prisonniers ne reflète-t-il pas le clivage homme / femme? Cf. L.Iriguaray. Le  spéculum de l'autre femme.
							  12- Lecture "bio-génétique".
							   Le cheminement originel de la vie. La  fécondation?
							  13- Lecture scientifique (Physique contemporaine).
							   Hypothèse de plusieurs  scientifiques : l'univers serait constitué de trois "étages". (Cf.  D.Bohm, Pribram, cités dans le livre de R.Dutheil : L'homme super-lumineux,  Sand, 1992.) La science conduirait à une vision platonicienne de l'univers. 
							   1. Univers  "sous-lumineux", matière, cerveau,   (= caverne).
							   2. Univers "lumineux" :  photons, circulation des signaux dans le cortex,  (= univers intelligible contenant les  essences).
							   3. "Univers super-lumineux",  "tachyons", circulant "plus vite" que la lumière =  information totale? = esprits, (= divin, au-delà de l'espace et du temps). 
							   
							  
  Spécificité de la PHILOSOPHIE     
   Résumé.
       En quoi la philosophie se distingue-t-elle  des autres domaines de réflexion ?
  
    
       
        PHILOSOPHIE 
          
        Le philosophe cherche le Pourquoi. 
        Il propose des hypothèses. 
        La philosophie est un système    hypothético-déductif, c'est-à-dire un raisonnement qui se déduit à partir    d'hypothèses. En cela elle ressemble à une axiomatique. 
            
        Le philosophe utilise sa raison,    c'est-à-dire un type de réflexion qui obéit aux lois logiques. 
        Il vise une intelligibilité. 
          
        Il veut comprendre. 
        La philosophie est un système    ouvert, en ce sens que chaque philosophe, à chaque époque, se donne et a le    droit de critiquer, de remettre en question les systèmes des    philosophes qui le précèdent, et de proposer une vision nouvelle de    l'univers. 
          
        Du coup, la philosophie    développe l'esprit critique et une sorte d'inquiétude, voire d'angoisse.    La philosophie "grossit" les problèmes existentiels. 
        Aucun rite.  
          
              Solitude de chaque    philosophe. 
           | 
      RELIGION 
          Le religieux a la réponse. 
          En général, les religions    offrent des réponses sous formes de "révélations". Les    grands fondateurs de religions, Moïse, Bouddha, le Christ, Mahomet, affirment    avoir eu un contact avec le divin ou le surnaturel. Le plus souvent    l'existence de Dieu est posée comme une certitude. 
        Le religieux donne sa "foi"    = adhésion du cœur.  
        Il accepte le "mystère"    du monde, donc de ne pas tout comprendre. 
        Il croit. 
         Les croyances se concentrent dans des dogmes    que tout fidèle doit accepter et respecter, en restant fidèle à la    tradition. (Les traditions religieuses évoluent certes, mais très lentement.) 
          
        La religion rassure l'homme, elle lui donne un sentiment de sécurité : être aimé de Dieu, par    exemple. 
             Tout religieux doit accomplir un    ensemble de rites. 
          
        Toute religion implique    l'appartenance à une communauté.  
              | 
    
    
      PHILOSOPHIE 
            Utilisation de la RAISON. Nécessité    de cohérence logique. 
          
           Mais, la philosophie cherche le SENS,    la FINALITE de l'existence, de l'univers.  
          
        La philosophie s'attache au POURQUOI 
          
        Le philosophe utilise le langage    linguistique. 
          
                       
        Les réponses des philosophes    sont invérifiables et infalsifiables. Elles restent toutes des hypothèses. 
          
        La philosophie, au sens ancien,    vise la SAGESSE, c'est-à-dire à obtenir : 
                  
            
        un POUVOIR sur SOI-MEME. 
         | 
      SCIENCE 
                                Idem 
          
        Tandis que le scientifique    cherche à comprendre le FONCTIONNEMENT de l'univers, la cause des    phénomènes.  
          
        La science s'attache au COMMENT. 
          
        Le scientifique utilise un    langage (code) logico-mathématique.  
                         
        Les théories des scientifiques    sont vérifiables et falsifiables (=on peut prouver qu'elles sont    fausses)   
          
        La science donne à l'homme : 
            
             
          
        un POUVOIR sur le MONDE.  | 
    
    
      PHILOSOPHIE 
            
        Le philosophe réfracte ou donne    un reflet du monde, avec sa RAISON, son intelligence. 
          
        Il crée un système abstrait,    intelligible. Il s'adresse à notre intelligence. 
          
        Il cherche la VERITE. 
          
        Il s'intéresse à l'universel. 
          
        Il désire être objectif. 
         | 
              ART 
            
          L'artiste réfracte le monde avec sa SENSIBILITE. 
          
          Il crée une œuvre d'art concrète,    perceptible par les sens. 
          
         Il cherche à produire de la BEAUTE.(art    classique)  
            ou     un MESSAGE (art moderne) 
            
           Il s'intéresse au particulier, à un    aspect immédiat du réel. 
                 
            L'artiste est toujours subjectif.  | 
    
    
                               PHILOSOPHIE  
           Domaine de la  Réflexion 
          
        Organiser logiquement des idées    pour accéder à la VERITE. 
          
        Désir de SAGESSE.  | 
                     POLITIQUE 
           Domaine de l'Action. 
          
        Politique idéale :    Organiser les rapports entre les hommes pour réaliser la JUSTICE et    l'HARMONIE. 
          
        Politique réelle :    Ambition et quête du POUVOIR (volonté de puissance). 
         | 
    
  
   
  A quoi sert la PHILOSOPHIE ?
  Tout dépend du sens donné à  "servir"?
   Si l'on raisonne en termes  d'utilité pratique, la philosophie ne sert à rien.
   Mais sur un autre plan, elle aide  à développer un sens critique et à conquérir une liberté de penser qui est le  1° degré de la liberté tout court ! C'est sans doute la raison pour laquelle  les régimes totalitaires et tyranniques la condamnent. 
   D.Desbornes. 2009 .